La liberté de presse n’est pas une faveur faite aux journalistes. Ce n’est pas un privilège de l’informateur. C’est la possibilité donnée à un journaliste de rechercher des informations, de les vérifier, de les recouper et de les mettre au service de la communauté, en respectant un cadre juridique préalablement défini. Les informations qu’il produit ne lui appartiennent pas. La liberté de presse sert donc l’intérêt général. Le journaliste, au sens premier du terme, est avant tout un agent d’intranquillité face à ceux qui voudraient profiter indûment et impunément des biens publics, transgresser les lois à leur guise, etc. Bien évidemment, il n’est pas un justicier, il n’est pas un juge. Il informe l’opinion sur ce qui est. Il lève le lièvre, comme cela s’entend dans la société. Que vaut un président, un ministre, un homme politique, une armée, etc. dans une société organisée ? Tous ces acteurs ne sont rien, en vérité, sans les citoyens, sans le peuple. C’est pourquoi la façon dont ils gèrent la cité doit être sue par ces citoyens de qui ils tirent leur légitimité. Voilà d’où le journalisme tire toute son importance : révéler ce qui est caché pour le bien de toute la communauté.
Le premier maire de Paris (1789-1791), Jean-Sylvain Bailly, avait affirmé, selon une enquête du Directeur de publication de Mediapart : « La publicité est la sauvegarde du peuple ». Il faut entendre par publicité, son sens premier : l’information. Un grand peuple est avant tout un peuple éveillé, renseigné, informé, loin des ombres de l’ignorance. Une presse libre et indépendante est capable de satisfaire cette mission d’information des citoyens. Ce rappel nous parait important dans notre contexte.
Après quelques années en presse quotidienne papier et six (6) ans passés au journal d’investigation Courrier confidentiel comme journaliste reporter puis rédacteur en chef, j’ai décidé, il y a quelques temps, de faire un saut presque dans l’inconnu : mettre en place un projet médiatique. Sira info est un mélange du Dioula et du français. Sira signifie chemin. Littéralement, « sira info » veut dire l’info de la route. Plus profondément, c’est « le chemin ou la route de l’information ». Ce journal www.sirainfo.com qui éclore veut marcher dans les pas des devanciers et participer ainsi à l’édification d’un Burkina meilleur. Il ne nait pas pour contrer ou louer un régime, un pouvoir, des personnalités politiques ou économiques, etc. S’il a une prétention, c’est celle de défendre l’intérêt public conformément aux règles de la profession.
Sira info est un journal exclusivement numérique d’information générale et d’investigation. Tous les sujets qui comportent des enjeux publics intéressent ce journal. Il veut se placer comme une source d’informations de référence pour les citoyens et tendre vers une culture du journalisme numérique renouvelée, avec des informations crédibles, pertinentes, exclusives et indépendantes. Son objectif à terme est la production de plusieurs articles de référence par jour afin d’aider les citoyens à mieux lire et comprendre le monde. Nous souhaitons, et c’est l’un des plus grands challenges dans notre contexte, faire du « journalisme debout », du journalisme de terrain, qui se déplace dans tout le Burkina, qui enquête, interroge, vérifie, qui cherche dans la limite des possibilités. Pour l’instant, tous les articles seront en accès libre sur le site. Mais cela pourrait changer d’ici quelques semaines ou mois, le temps de la mise en place des fonctionnalités permettant l’accès des articles d’investigation sur abonnement.
Sira info a obtenu son récépissé (N°1410-2023/CAO/TGI/PF), le 1er août 2023, délivré par le Parquet du Tribunal de grande instance de Ouaga I et l’autorisation de publication du Conseil supérieur de la Communication (N°2023-0752/CSC/SG/DAD/kl du 4 septembre 2023.
Ces derniers mois, la problématique de la liberté de presse défraie la chronique. La polémique enfle. L’essentiel dans une République, même dans le contexte actuel, c’est que tout acte s’inscrive dans le cadre de la loi, parce que c’est la loi qui protège chacun de nous, dirigeants comme populations.
A l’aurore de cette aventure presque prétentieuse qui est de bâtir une entreprise de presse viable et qui promet des informations exigeantes, les paroles d’un acteur clé du journalisme africain rejaillissent. « Aucun peuple ne peut aller au développement autrement que par la liberté et la démocratie. C’est le niveau de démocratie qui détermine le niveau de développement. Le contraire n’aboutit qu’à l’épanouissement des dirigeants et à la dictature », écrit en effet, Norbert Zongo, dans L’Indépendant du 3 octobre 1995. Sira info veut participer à la construction de cette démocratie et de cette liberté qui deviennent de plus en plus chères. Comme l’a dit Albert Camus, « élevons ce pays en élevant son langage », dans l’intérêt de tous. Sira info est là, pour vous, avec vous et existera grâce à vous. Sans public, sans lecteurs, la presse ne serait pas la presse.
Lomoussa BAZOUN
Directeur de publication
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