Ils ont obtenu la subvention de l’Etat pour battre leurs campagnes électorales. Mais au moment de produire des justificatifs, plusieurs partis ou formations politiques et candidats à la présidentielle ont trainé les pieds. D’autres ne se sont même pas présentés à la Cour des comptes pour déposer leurs rapports. L’institution de contrôle qui a compétence dans ce domaine a tranché. Certains sont suspendus de la prochaine subvention et d’autres exclus des financements publics. Des partis ou formations politiques et candidats à la présidentielle sont sommés de rembourser au total plus de 106 millions FCFA. Le rapport qui évoque cette situation est officiellement entre les mains du Capitaine Traoré, depuis le 16 février 2024.
En 2020, l’Etat a accordé des subventions aux partis ou formations politiques mais aussi aux candidats à la présidentielle. La subvention hors campagne électorale « s’élève à cinq cent millions (500 000 000) de francs CFA répartis entre six (06) partis politiques ». Il s’agit du Mouvement du Peuple pour le progrès (MPP) avec un montant de 218 500 000 FCFA. Il est suivi de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) avec une somme de 129 300 000 FCFA. Le troisième plus gros montant est revenu au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) avec 83 150 000 FCFA. La Nouvelle alliance du Faso (NAFA) a obtenu 26 150 000 FCFA, l’UNIR/PS (23 600 000 FCFA) et l’ADF-RDA (19 300 000 FCFA). La Subvention de l’Etat pour les élections législatives 2020 s’élève à 500 millions FCFA. Les 13 candidats à la présidentielle de 2020 se sont partagé 280 millions FCFA. Chacun a obtenu 21 538 461 FCFA.
Au bilan, pour la présidentielle, 5 candidats ont respecté le canevas de production du rapport justifiant l’utilisation des fonds et 2 n’ont pas respecté ce canevas. Pour les législatives, 58 ont déposé des rapports dont 28 n’ont pas respecté le canevas. Et pour la subvention hors campagne électorale, tous les partis sont dans les délais. La Cour a donc reçu 70 rapports au total. Elle dit n’avoir pas reçu les rapports justificatifs de 5 candidats à la présidentielle et un rapport hors délai. Pour les législatives, pour 125 rapports attendus, seulement 63 ont été rendus dans les délais, 9 hors délais et 53 rapports non reçus.
« En ce qui concerne les treize (13) candidats à l’élection du Président du Faso : deux (02) candidats sont exclus du financement public conformément à la loi pour absence de réaction dans le délai de trois (03) mois », martèle la Cour des comptes. Selon le rapport, il s’agit de Tahirou Barrry (candidat du Mouvement pour le changement et la renaissance (MCR) et Ablassé Ouédraogo (candidat de Le Faso Autrement). Et ce n’est pas tout. Les deux candidats exclus du financement public (Tahirou et Ablassé) et un autre candidat à la présidentielle, Do Pascal Kiemdoro Sessouma (Candidat de Vision Burkina-Parti Pacifiste), sont sommés de rembourser les sommes non justifiées. Tahirou Barry et Ablassé Ouédraogo doivent rembourser 21 538 461 FCFA chacun (43 076 922 FCFA) et Do Pascal Sessouma, 600 000 FCFA.
22 partis ou formations politiques doivent rembourser 62 millions FCFA
Des partis ou formations politiques sont aussi sanctionnés par la Cour des comptes. « Vingt-deux (22) partis ou formations politiques sont concernés par la décision de remboursement. Le montant des sommes à reverser au Trésor public correspondant au montant des dépenses non justifiées s’élève à 62 612 953,63 francs CFA ; trois (03) partis perdent leur droit à la subvention de l’Etat pour la toute prochaine campagne électorale ; vingt (20) bénéficiaires de la subvention sont exclus des financements publics », soutient la Cour. Parmi les 20 partis ou formations politiques exclus du financement public, il y a Le Faso autrement, le Mouvement pour le changement et la Renaissance (MCR), le Mouvement pour le Burkina du Futur (MBF), le Rassemblement patriotique pour l’intégrité (RPI), etc. La NAFA, le Mouvement du peuple pour la démocratie (MPD) et Nouvelle vision (NOVI) sont exclus du prochain financement public.
Parmi les partis qui doivent rembourser les 62 millions FCFA, Le Faso autrement, le Congrès des nations africaines/Burkina Faso (CNA/BF) et la Convention nationale pour le progrès viennent en tête. Ces trois doivent rembourser chacun 7 441 443 FCFA. Le Rassemblement patriotique pour l’intégrité (RPI) doit rembourser 6 430 868 FCFA. Le montant total que des partis ou formations politiques et candidats à la présidentielle sont sommés de rembourser est de plus de 106 millions FCFA.
Par Lomoussa BAZOUN, Sira info