Jeune femme vivant à Kaya, Salma (nom d’emprunt) sait désormais où se trouve son ex-copain. Originaire du Togo et maçon de profession vivant au Burkina, il avait disparu avec la moto de sa compagne depuis deux ans. Mais grâce à la collaboration de la communauté togolaise au Burkina, il a finalement été retrouvé. Le mardi 5 mars 2024, il a été reconnu coupable des faits d’abus de confiance par le Tribunal de grande instance Ouaga 1 et passera 6 mois ferme derrière les barreaux.
La journée internationale des droits de la femme de cette année a certainement un goût particulier pour Salma (nom d’emprunt), résidant à Kaya. Elle a en effet enduré plus de deux ans d’incertitudes, d’inquiétudes et même de chagrin d’amour. La cause : celui qu’elle considérait comme son futur mari l’a abandonnée toute seule à Kaya. Et cela pendant deux ans, sans donner signe de vie.
Originaire d’un pays étranger et maçon de profession, Kangueyi (nom d’emprunt) obtient un marché à Kaya. Il s’y installe. Et là, il fait la connaissance de Salma. Les deux amoureux décident de vivre en ensemble.
Après plusieurs années de vie commune, le rêve de la jeune fille se transforme en chagrin. En fonction des marchés, son compagnon faisait des aller-retours entre Kaya et d’autres villes du pays. Mais courant 2022, tout change. L’homme qu’elle voyait comme pratiquement son époux disparait. Ayant rejoint un chantier, il n’est plus revenu. Les appels et messages sont vains. Pourtant, Salma qui pensait soutenir son homme lui avait cédé sa moto. Elle a ainsi passé le reste de l’année 2022 et toute l’année 2023 sans sa moto et sans la moindre nouvelle de l’homme qui disait l’aimer. Il sera finalement cueilli. En début 2024, grâce à la collaboration de sa communauté d’origine, à savoir l’Association des Togolais vivant au Burkina, il a été interpellé par la gendarmerie.
A la barre ce mardi 5 mars, Kangueyi ne reconnait pas avoir abusé de la confiance de son ex-amante Salma. Selon sa narration des faits, c’est effectivement Salma qui lui a donné sa moto pour lui permettre de gagner en temps. Il a effectivement quitté Kaya depuis des années, mais juste pour exécuter des marchés dans d’autres localités. Il reconnait aussi Salma comme sa « femme ». Selon lui, il était parti pour exécuter des contrats. Il a même brandi une pile de documents devant le Tribunal comme preuves des différents marchés qu’il a exécuté. Parmi ces documents, figure une copie de la CNIB de Salma. Kangueyi explique que ladite copie l’aide à circuler tranquillement vu qu’il ne dispose d’aucun document d’identité burkinabè.
Mais le parquet trouve son alibi trop léger. « Pourquoi durant toutes ces années, tu n’es plus retourné à Kaya ? Pourquoi tu ne réponds plus aux appels et messages de ta « femme » Salma depuis que tu as quitté Kaya ? », questionne le procureur visiblement très remonté par la narration de Kangueyi. Le Procureur fait le point de l’affaire. Kangueyi a en fait mis en confiance Salma. Elle a aménagé avec lui dans une maison qu’elle a contribué à bâtir. Après des années de vie commune, ce dernier était en difficulté. Salma a volé à son secours en mettant à sa disposition l’engin que lui avaient payé ses parents. Depuis lors, Kangueyi s’est volatilisé dans la nature avec ledit engin à la faveur d’un marché obtenu hors de la ville de Kaya. Après plusieurs jours sans le moindre signe de vie et vu qu’il ne répondait plus ni aux appels ni aux messages, la victime a porté plainte, rappelle le parquet. Les recherches de la gendarmerie étaient vaines depuis tout ce temps. Kangueyi réussissait à se camoufler, allant d’une ville à une autre. Les services de gendarmerie ont fini par alerter l’Association des Togolais vivant au Burkina. Et grâce à cette association, le prévenu est localisé finalement en début 2024 sur un chantier à Ouagadougou. La gendarmerie le cueille et le remet à la justice. « Elle n’est plus ta femme. Tu crois qu’après toutes ces années sans nouvelles, elle t’attend encore ? Elle est déjà la femme de quelqu’un maintenant », lui lance le procureur.
Pour le parquet, les faits d’abus de confiance sont constitués. Kangueyi ne voulait plus retourner à Salma sa moto, outre le fait qu’il ne veut plus d’elle. Et pour ces faits, il faut lui appliquer la loi dans toute sa rigueur, martèle-t-il.
Au bout du procès, Kangueyi a été reconnu coupable par le tribunal. Il est condamné à une peine d’emprisonnement ferme de 6 mois à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Il doit aussi s’acquitter d’une amende d’un million de FCFA assortie de sursis.
Quant à son désormais ex compagne Salma, elle a refait sa vie et vient de retrouver sa moto, après deux ans. Elle a été ainsi rétablie dans ses droits à l’approche de la journée commémorative des droits de la femme.
Par Judichaël KAMBIRE, Sira info