Ouagadougou/Burkina : Elle réclame 2,3 millions FCFA à son copain vigile qui s’est fait passer pour un enseignant

Pensant que son plan d’escroquerie avait bien marché, un vigile s’est retrouvé à la barre du Tribunal de grande instance Ouaga l, ce lundi 13 mai 2023. Deux de ses victimes sont à la manœuvre. L’une d’elle est son ex petite amie à qui il s’est présenté comme un enseignant de mathématiques. Elle affirme lui avoir prêté 2,3 millions FCFA. Le procureur a requis 48 mois dont 36 mois de prison ferme contre lui. 

Une histoire d’amour entre deux jeunes qui finit au tribunal. Ce 13 mai, Isma (nom d’emprunt), vigile de profession, a fait face aux juges. Il doit s’expliquer sur des faits d’escroquerie que lui reproche son ex petite amie et un gérant de mobile money à qui il a refusé de restituer 470 mille FCFA qui lui ont été envoyés par erreur.

Avec son ex petite amie, tout commence en début d’année 2023. Le jeune vigile repère Ripa (nom d’emprunt) sur Facebook. Elle est une jeune étudiante inscrite en troisième année d’études sociologiques. Il lui envoie une demande d’amitié. Elle accepte la demande. L’amitié virtuelle va très vite au-delà du virtuel. Un premier rendez-vous est organisé en février 2023.

Tout se passe bien. Ce qui les rapproche davantage. Le prévenu en venant au rendez-vous s’est bien armé avec une histoire taillée sur mesure pour « abattre » sa cible.

Le vigile confie à l’étudiante qu’il souffre d’une hernie. Pour soigner cette maladie, il a besoin de 300 000 FCFA. Une somme qu’il peine à réunir

Isma, ce jour-là, s’est présenté comme un enseignant de mathématiques et de physique-chimie nouvellement sorti de l’école de formation, en poste à Tanghin Dassouri pour son stage. La jeune fille y a cru. Ayant visiblement déjà compris que la « cible » est dans ses cordes, il dégaine. La première tentative captive la jeune étudiante. Il lui raconte de prétendus déboires auxquels il ferait face..

Le vigile confie à l’étudiante qu’il souffre d’une hernie. Pour soigner cette maladie, il a besoin de 300 000 FCFA. Une somme qu’il peine à réunir. Une somme que la fille lui remettra plus tard, avec promesse de rembourser, selon la version de l’étudiante. Et ce n’est pas tout ! Lors de ce premier rendez-vous également, l’enseignant stagiaire qu’il prétend être a demandé et obtenu 5000 FCFA des mains de sa nouvelle copine, avec promesse de remboursement aussi.

Et la suite de leur relation est rythmée des besoins pécuniaires du « jeune enseignant » dû à des problèmes et activités fictives qu’il invente. Il a dit entre temps avoir rejoint l’université Thomas Sankara pour une spécialisation. Il a également assuré avoir obtenu une bourse pour rejoindre Dakar et enfin il a terminé ce périple académique imaginaire en Suisse, selon les témoignages de l’étudiante au tribunal. 

Celle qui le voyait comme son futur époux n’hésitait même pas, quand il inventait un problème, à s’endetter auprès de sa mère ou de son frère pour le satisfaire

Mais ces histoires sont cousues de fil blanc. Chacune de ses affirmations sont des scénarii sortis tout droit de son « laboratoire » pour soustraire de l’argent à celle qu’il dit aimer.

Celle qui le voyait comme son futur époux n’hésitait même pas, quand il inventait un problème, à s’endetter auprès de sa mère ou de son frère pour le satisfaire.

Face aux juges ce 13 mai, elle donne sa version. L’étudiante affirme qu’elle faisait tous ces efforts dans le but d’aider une personne en difficulté à se réaliser. « Ce n’était pas par amour. On s’était accordé qu’il rembourse tout ce que je dépensais sur lui après ses études. Il me demandait chaque fois si je note tout. C’était des prêts qu’il a promis de rembourser en 2024 », explique-t-elle, en brandissant son cahier de notes. Et effectivement, toutes les dépenses sont consignées dans un cahier, dates et justificatifs à l’appui.

L’Etudiante évalue le montant total de ces supposés prêts à 2 390 800 FCFA au bout d’un an de relation. Mais un jour le vigile commet un acte qui tourne mal avec une autre victime.

De fait, un jour, un coup de fil de la brigade de lutte contre la cybercriminalité permet à cette étudiante en troisième année de sociologie de connaitre le vrai visage de l’homme qu’elle aime.

Le gérant de la boutique de mobile money s’était trompé au cours d’une transaction et avait envoyé la somme de 470 700 FCFA au prévenu

Il a joué un mauvais tour à un gérant d’une boutique de mobile money qui est allé se plaindre auprès de cette brigade.  Le gérant de la boutique de mobile money s’était trompé au cours d’une transaction et avait envoyé la somme de 470 700 FCFA au prévenu. Aussitôt l’argent tombé dans son compte, il l’a immédiatement transféré sur un autre compte. Contacté par le gérant, il a d’abord tenté de nier avant de reconnaître avoir reçu la somme indiquée. Mais en réalité, il ne veut pas restituer la somme reçue. Il a ainsi fait tourner la victime et finalement il a bloqué ses contacts. Donc impossible de le joindre. C’est ainsi que la Brigade de lutte contre la cybercriminalité alertée, entre en jeu et rapidement le localise dans un quartier de Ouagadougou. Il est mis aux arrêts.

Pour le parquet, il doit être reconnu coupable des faits d’appropriation frauduleuse des biens d’autrui. Et pour cela, le procureur demande au tribunal de le condamner à une peine d’emprisonnement de 48 mois dont 36 mois (3 ans) ferme et une amende de 500 000 FCFA assortie de sursis. Les deux victimes, l’étudiante et le gérant de la boutique mobile money, réclament respectivement 2 390 800 FCFA et 470 700 FCFA. Le verdict est attendu le 20 mai 2024.

Par Judichaël KAMBIRÉ, Sira info

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