Dédouanement de marchandises/Burkina : Des douaniers impliqués dans un vaste réseau de rackets des transitaires

La justice connait l’affaire. Mais les personnes impliquées, principalement des douaniers selon les investigations de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC) et de la Division des investigations criminelles de la Police nationale, ne sont pas encore passées à la barre. Des agents en service à la Coordination de lutte contre la fraude ont trahi leur mission en commettant des actes illicites. Ils ont racketté environ 6261 camions, selon des données du dossier . Et les montants cumulés sont énormes.

L’affaire a fait grand bruit en 2021. A Ouaga inter, tous les transitaires connaissent ce sujet. Un réseau de rackets systémiques et systématiques y régnait. Des agents de la Coordination nationale de lutte contre fraude, censés incarnés les valeurs d’intégrité, sont pointés du doigt, comme étant les cerveaux du réseau. Les structures de contrôle se sont saisies de l’affaire, notamment l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et Lutte contre la corruption (ASCE-LC) et la Division des investigations criminelles de la Police nationale (DIC). Selon nos informations, le dossier a été transmis au Procureur près le Tribunal de grande instance Ouaga I. C’est le Pôle économique et financier qui gère le dossier. Dans le fond, l’investigation de l’ASCE-LC et de la DIC révèle des faits graves. « L’enquête a permis de recueillir des preuves solides sur les différentes remises d’argent des citoyens victimes, notamment des transitaires à des agents publics en service » au sein de la coordination de lutte contre la fraude, indiquent des éléments du dossier.

Plus de 40 millions FCFA découverts dans les domiciles

En cause des douaniers : deux inspecteur et un contrôleur. Au cours de l’enquête, des perquisitions ont été opérées dans les domiciles des deux agents. Les enquêteurs ont découvert plus de 37 millions et 3 millions FCFA dans les domiciles perquisitionnés, rapporte une source proche de l’affaire.

Comment opèrent-ils ? Selon nos informations, tout se passait avec les camions qui sortaient de la gare routière internationale, couramment appelée « Ouaga inter », après un dédouanement « régulier ». Pour faire simple, les camions sont dédouanés conformément à la réglementation. Mais après, les agents incriminés entrent dans le jeu. Et rackettent les transitaires. Ils réclament leur part : « Les investigations ont révélé que ces agents véreux percevaient illégalement une somme allant de 100.000 à 300.000 francs CFA auprès de tout camion qui sortait de jour comme de nuit de la gare ». Nos sources ajoutent que « la même somme était reversée » des agents au bureau de la coordination.

Plus de 6000 camions rackettés entre le 4 avril 2019 et le 7 juillet 2021

Selon les données du dossier que nous avons consultés, un expert requis pour la circonstance a évalué le nombre des camions objets de rackets par ces agents à « six mille deux cent soixante un (6261) entre le 4 avril 2019 et le 7 juillet 2021 ». Alors petit calcul. Si le montant par camion varie entre 100 000 FCFA et 300 000 FCFA, cela fait un montant total estimé entre 626 100 000 à 1 878 300 000 FCFA. Or d’autres montants similaires, selon les faits découverts, sont reversés à des agents au bureau de la coordination. Ces donc des milliards FCFA qui ont été perçus illégalement. Le Pôle économique et financier du TGI Ouaga I pourra-t-il bouclé ce dossier afin que ces agents, qui ne sont pas jugés pour l’instant, puissent s’expliquer à la barre ? Les douaniers impliqués avaient été mis sous mandats de dépôt, à la Maison d’arrêt et de Correction de Ouagadougou. Par la suite, ils ont bénéficié d’une liberté provisoire. A suivre !

Par Lomoussa BAZOUN, Sira info

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