Chaque 18 décembre est célébrée la journée internationale de la migration. Un phénomène qui cristallise les politiques publiques en Europe et en Afrique où cela provoque souvent des tensions entre peuples de pays différents. Quelle est la situation dans la région du Sahel, quels sont les profils des migrants, quels sont les principaux lieux d’embarcation et de destination ? Sira info a retrouvé un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui en donne les détails, sur la période janvier 2024 à septembre 2024.
L’Europe continue de fasciner bien des jeunes africains, désireux de donner une bonne trajectoire à leur existence, parfois au péril de leur vie. Dans la région du Sahel, prise dans l’engrenage de la crise sécuritaire, la situation n’est guère différente. Des milliers d’hommes et de femmes ont embarqué entre janvier et septembre 2024 vers l’Europe. Maladies, expulsions, traite, décès, etc. sont les risques du chemin tortueux de cette entreprise périlleuse. Et les chiffres sont éloquents.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), entre janvier et septembre 2024, le nombre de migrants décédés signalés sur les différentes routes vers l’Europe ou l’Afrique du Nord est estimé à 1 094.
Pour les disparus signalés dans la région du Sahel à la même période sur les mêmes routes l’OIM évoque un nombre de 1 475.
D’autres ont eu plus de chance que ceux qui y ont laissés leur vie. Selon l’OIM, entre janvier et septembre 2024, « 11 189 est le nombre de migrants expulsés d’Algérie vers les frontières du Niger ». A la même période, « 21 473 Nigériens ont été retournés au Niger à bord de convois officiels depuis l’Algérie » et enfin, « 505 migrants ont été expulsés de la Libye vers le Tchad ».
Le rapport souligne que les « migrants assistés dans leur retour volontaire » à leur pays d’origine sont estimés à 37 553 dont 7 333 femmes et 30 220 hommes. L’organisation a aussi enregistré des migrants victimes de traite dans la région. Ceux qu’elle a pu assister sont au nombre de 980 composés de 70% originaires du Nigéria. Parmi ces victimes assistées, 766 sont des femmes contre 214 hommes.
Certains migrants ont victimes de maladies au cours de leur trajectoire. Ceux qui ont eu de l’assistance sont 1 758 dont 1 239 hommes. « 51% des migrants avec des besoins en santé sont retournés de la Libye », souligne le rapport.
Pour rejoindre l’Europe, les migrants embarquent principalement dans trois lieux. Ces circuits sont décrits par l’OIM.
Premier point de départ : la route ouest-atlantique africaine. Là, les migrants voyageant au long de cette route, explique le rapport, partent de la région vers les côtes de l’Afrique de l’Ouest où « ils embarquent sur des bateaux à destination des îles Canaries en Espagne. Cette route, déjà active e 2006, a connu un nombre croissant de mouvements en 2024. Les risques, les décédés et les disparitions à la suite de naufrages sont également en augmentation le long des côtes de l’Atlantique ». Entre janvier et septembre 2024, « 30 808 migrants sont arrivés aux Îles Canarie » à travers cette route.
Autre point de départ : la route ouest-méditerranéenne. Selon le rapport, ceux qui prennent ce circuit sont originaires généralement des pays d’Afrique subsaharienne, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. « Le parcours extrêmement dangereux des migrants à travers le Sahel et le désert du Sahara les conduit jusqu’aux côtes algériennes et marocaines où ils embarquent sur des bateaux en direction de l’Espagne continentale. », indique le document. L’OIM révèle que 11 423 migrants sont arrivés sur d’autres terres espagnoles entre janvier et septembre 2024 à travers ce circuit ouest-méditerranéenne.
Enfin, il y a la route méditerranéenne centrale. Ce circuit, selon l’OIM, prend ses racines dans différents pays du Sahel et traverse le désert du Sahara jusqu’aux « côtes de la Libye et de la Tunisie, en direction de l’Italie ou de Malte. Elle est principalement choisie par les Africains subsahariens, dont les décès et les disparitions identifiées sont largement observées. Elle est connue comme la route la plus meurtrière vers l’Europe depuis cette région. ». Le rapport note que 49 794 migrants sont arrivés en Italie ou à Malte grâce à ce circuit dangereux.
Le rapport a aussi évoqué les profils des migrants originaires de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC). Et visiblement, les personnes mariées sont plus enclines à la migration. Le profile sociodémographique de la majorité des migrants interrogés indique que 50% sont mariés et 43% sont des célibataires. 73% sont des hommes, 18% des femmes. Parmi les migrants aussi, il y a des jeunes garçons qui constituent 5% des interrogés et 4% sont des jeunes filles.
Pour ce qui est de l’emploi, 46% se disent « sans emploi et à la recherche d’emploi », 23% disent qu’ils sont des travailleurs indépendants et 9% sont des employés.
Selon l’OIM, la majorité des migrants interrogés aux points de surveillance des flux entre janvier et septembre 2024 ont indiqué voyager pour des raisons économiques (73%) et 11% pour des mariages ou des regroupements familiaux. « Parmi les personnes voyageant pour des raisons économiques, 58% étaient à la recherche d’un emploi ou d’un autre moyen de subsistance, 21% se déplaçaient pour conduire des affaires et 11% menaient des activités pendulaires. ».
Par Lomoussa BAZOUN, Sira info