Ils sont appelés à la barre du Pôle économique et financier (ECOFI), du TGI Ouaga 1, par le président du Tribunal, Abasse Nombré, ce 6 février 2025. La liste des prévenus est longue. Une vingtaine d’agents de la Société nationale d’aménagement des terrains urbains (SONATUR) dont des anciens directeurs généraux, des chefs de services.
Au cours du procès, les anciens Directeurs généraux de la SONATUR, Soabou Diallo (Août 2018-juin 2020), Souaré Goro (Juin 2020-février 2023) et l’ancien Directeur commercial de la société, Moussa Ki, ont été interrogés par les juges.
Il leur est reproché plusieurs faits dont l’abus de fonction, la prise illégale d’intérêt, l’enrichissement illicite dans le cadre du traitement de certains dossiers de parcelles.
Il est reproché par exemple à l’ancien Directeur commercial, Moussa Ki, d’avoir bénéficié d’un montant 90 millions de FCFA dans l’attribution d’une trentaine de parcelles. Il a d’abord reconnu partiellement ce fait, avant de finir par dire qu’il reconnait totalement cette accusation. Et ce n’est pas tout !
L’ancien Directeur général de août 2018 à juin 2020, Soabou Diallo, a aussi été interrogé à la barre. Des faits d’abus de fonction, de prise illégale d’intérêt, etc. lui sont reprochés également dans le cadre de l’attribution des parcelles.
Son successeur, Souaré Goro, celui qui a été remplacé officiellement par l’actuel DG en février 2023, est aussi passé à la barre du TGI Ouaga I. Dans son cas, un fait important retient l’attention. Dans la vente de trois parcelles de la SONATUR, de la zone Ouaga 2000, selon ses réponses, il a perçu un surplus estimé à 136 millions FCFA. C’est-à-dire que les parcelles ont été vendues au-delà des prix homologués par la SONATUR. Le montant qui revient à la société a été effectivement reversé. Et c’est le surplus des trois opérations que lui-même évalue à 136 millions, selon le surplus reçu de la vente de chacune des trois parcelles.
Le procureur et le président du tribunal lui ont demandé ce qu’il a fait de ce montant. « J’ai aidé des gens », a-t-il répondu. Il indique n’avoir pas investi cette somme dans l’immobilier. « Je ne peux pas dire que je n’ai pas personnellement utilisé ces fonds. Mais j’ai essentiellement aidé les gens ». Malgré l’insistance du ministère public et du président du tribunal., il n’a pas dit exactement à quoi a servi cette somme, évoquant vaguement des « voyages », l’achat « d’habillement », etc.
De nombreux autres prévenus dans ce dossier attendent d’être interrogés. Le procès se poursuit ce 7 février 2025.
L’issue du procès permettra de situer les responsabilités dans cette affaire.
Cette affaire fait suite à une enquête de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) en 2023.
Par Marie D. SOMDA, Sira info
Encadré Une grande salle d’audience sans micro Lors de l’audience dans cette grande salle d’audience qui a accueilli le procès Amidou Tiegnan et Cie, il n’y a plus de micro. Pour que toutes les parties concernées par le procès (ministère public, avocats, greffiers) puissent entendre un prévenu à la barre, il faut qu’il élève la voix : « il faut parler fort ». Et ce n’est pas toujours évident. MDS