À la mi-2025, la masse monétaire du Burkina Faso connaît une forte progression, portée par les dépôts bancaires et les actifs nets extérieures. Cependant, les crédits accordés aux entreprises et reculent, tandis que l’État devient le principal bénéficiaire des financements bancaires, selon la Direction générale de l’Economie et de la planification (DGEP), dans sa « Note de conjoncture économique » de juillet 2025.
À la fin du mois de juin 2025, la masse monétaire, c’est-à-dire l’ensemble des billets, pièces et dépôts bancaires en circulation, s’est établie à 6 231,1 milliards de FCFA, selon le rapport de la Direction générale de l’Économie et de la planification (DGEP). Elle est en augmentation de 298,9 milliards de FCFA, soit +5 %, par rapport à fin décembre 2024. Cette augmentation s’explique surtout par la hausse de l’argent disponible sur les comptes bancaires (dépôts transférables), qui a augmenté de 199,8 milliards de FCFA (+8 %), et par la quantité de billets et de pièces en circulation, qui a progressé de 18,4 milliards de FCFA (+1,5 %).
La hausse de la masse monétaire, selon la DGEP, reflète surtout l’augmentation des actifs extérieurs nets, qui progressent de 360 milliards de FCFA (+17,3 %). En revanche, les créances intérieures connaissent un repli modéré de 19,6 milliards de FCFA (-0,4 %).
Par rapport à fin juin 2024, la masse d’argent a également augmenté de 302,5 milliards de FCFA (+5,1 %). Cette hausse vient surtout de l’augmentation des billets et pièces en circulation (circulation fiduciaire), qui a progressé de 187,0 milliards de FCFA (+17,2 %), alors que l’argent disponible sur les comptes bancaires a légèrement diminué de 56,8 milliards de FCFA (-2,1 %). Du côté des sources de financement, les avoirs du pays à l’étranger (actifs extérieurs nets) ont augmenté de 331,8 milliards de FCFA (+15,8 %), et les prêts (créances intérieures) accordés à l’intérieur du pays ont aussi augmenté de 127,4 milliards de FCFA (+2,7 %).
Les crédits à l’économie diminuent par rapport à 2024
Les prêts accordés par les banques à l’économie nationale (entreprises, administrations et ménages) s’élèvent à 4 100,3 milliards de FCFA à la fin juin 2025. Ils ont diminué de 209,5 milliards de FCFA (-4,9 %) par rapport à fin décembre 2024, où ils étaient de 4 309,8 milliards de FCFA.
Cette diminution résulte de la réduction des crédits accordés au secteur financier non-bancaire (-17,7%), au secteur public (-12,1%) et aux sociétés non-financières privées (-14,0%), atténuée par une hausse des crédits octroyés aux ménages et aux Institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) qui progresse de 8,1%. Comparé à fin juin 2024, le financement de l’économie par les banques diminue également de 262,9 milliards de FCFA (-6,0 %). Ce recul s’explique par la baisse des crédits au secteur financier non bancaire (-28,2 %), au secteur public (-1,4 %), et aux sociétés non financières privées (-15,7 %). Seuls les crédits aux ménages et ISBLSM progressent légèrement (+5,5 %).
Les banques privilégient l’État
Par contre les prêts que les banques ont accordés à l’Administration centrale atteignent 829,6 milliards de FCFA à la fin juin 2025, en forte augmentation de 189,9 milliards de FCFA (+29,7 %) par rapport à fin décembre 2024, où ils étaient de 639,7 milliards de FCFA.
Cette augmentation vient surtout des prêts supplémentaires accordés par les banques commerciales à l’État, qui ont augmenté de 280,1 milliards de FCFA (+59,8 %), alors que les prêts de la BCEAO à l’État ont diminué de 90,1 milliards de FCFA (-52,5 %).
Sur un an, l’augmentation est encore plus importante : les prêts que les banques ont accordés à l’État augmentent de 390,3 milliards de FCFA (+88,8 %) par rapport à fin juin 2024. Dans le détail, les banques commerciales ont encore beaucoup augmenté leurs prêts à l’État, de 486,6 milliards de FCFA (+186,1 %), tandis que les prêts de la BCEAO à l’État ont diminué de 96,3 milliards de FCFA (-54,1 %).
Par Marie D. SOMDA, Sira info