C’est un témoignage du Pr Christian Napon. Le neurologue rappelle l’importance du sommeil pour l’être humain. Les humains ne sont pas les mêmes en matière de sommeil, dit-il. « Il y a des gros dormeurs, des moyens dormeurs et il y a les petits dormeurs. » Il est formel. « On ne négocie pas avec le sommeil. Donnons au sommeil la place, qu’il mérite », conseille-t-il.
Le cas d’un jeune patient reçu par le Pr Christian Napon révèle l’importance du sommeil qui, s’il n’est pas suffisant, peut être à l’origine d’un manque d’efficacité professionnelle.
En effet, dit-il, un élève avait réussi avec brio son certificat d’études primaires et avait même été admis à l’entrée en sixième. C’est donc un bon élève. Mais quand il arrive au collège, il régresse. Les performances de l’enfant ont baissé au point que son entourage n’y comprenait rien. « Après l’obtention de son diplôme, il avait réussi par concours, son inscription en sixième (6e) dans une école réputée qui est sous un régime d’internat. Malheureusement, sa sixième (6e) a été un échec. Il a redoublé. Et les responsables de l’établissement ont dû l’amener en consultation pour excès de somnolence en classe », explique Pr Napon. En sa qualité de neurologue, il a reçu l’élève. « Quand nous avons pris le soin d’investiguer, nous avons compris que c’était un enfant qui manquait de sommeil. Le temps de sommeil qui lui était consacré était insuffisant. Et il rattrapait donc les heures n’ont atteint en dormant en classe pendant les cours. », détaille-t-il. Le sommeil, rappelle-t-il, c’est en moyenne 7 heures d’affilé.
Le brillant élève enregistre de mauvais résultats scolaires par insuffisance de sommeil
Les petits dormeurs ont besoin de 6 heures pour récupérer. Les dormeurs moyens ont besoin de 7 à 8 heures et enfin les gros dormeurs ont besoin de 10 heures, voire plus. L’enfant faisait partie de la catégorie des gros dormeurs. « Nous avons interrogé sa maman pour comprendre comment il se comportait pendant les vacances en matière de sommeil. Elle nous a dit que c’est un enfant qui pouvait dormir pendant de longues heures. Quand il dort à 21 heures par exemple, c’est au-delà de 9 heures de matin qu’il se réveille. », témoigne le Pr Christian Napon. La maman venait ainsi de donner l’origine du mal de son enfant. Grâce à cette information, le Pr a compris qu’en réalité, le problème de l’enfant était une insuffisance de sommeil. « Il s’est retrouvé dans un environnement, à l’internat, où on lui a amputé de moitié le temps de sommeil dont il a besoin pour récupérer. Donc c’est la dette de ce sommeil qui faisait qu’il somnolait pendant les cours. Il a fallu que j’écrive au directeur de cette école pour lui dire que cet enfant a besoin de plus de temps pour dormir. Dans l’internat, les enfants étaient réveillés à 4 heures du matin, alors qu’ils dormaient autour de 22 heures. En gros, ils dormaient 6 heures de temps. Ce qui est incompatible avec la nature de cet enfant. », explique le neurologue.
Mais que faut-il faire pour que l’enfant puisse réussir son année scolaire ?
Selon le Pr, les responsables de l’établissement ayant reçu son analyse, ont pris des mesures exceptionnelles pour aider l’élève. « Ils ont trouvé un local à part afin qu’il puisse bénéficier de plus de temps pour dormir. Les enfants à l’internat étaient dans des dortoirs. Et au lieu de se réveiller à 4 heures comme les autres, il se réveillait un peu plus tard, entre 5h et 6 heures. Et ils lui permettaient de dormir plus tôt. Il ne pouvait pas avoir les 10 heures dont son corps a besoin, mais il avait plus de temps de sommeil, environ 9 heures. »
« Lorsqu’il a repris son année, il était parmi les premiers de sa classe »
Il avait déjà perdu une année en redoublant la classe de 6e. Mais quand les responsables de l’établissement ont suivi les consignes, l’enfant a retrouvé son niveau habituel. « Lorsqu’il a repris son année, il était parmi les premiers de sa classe parce que cette fois, on avait pris en compte sa particularité, sa spécificité. Cela révèle l’importance du sommeil pour tout le monde. Nous ne sommes pas au même titre en matière de sommeil », conclut-il. Beaucoup de personnes et surtout d’enfants sont peut-être dans cette situation. Mais par l’incompréhension des parents, ils enregistrent de mauvais résultats à l’école.
Par Marie D. SOMDA, Sira info
