Burkina : « Depuis sa création, le budget annuel de la Cour des comptes n’a jamais dépassé 500 millions FCFA », dixit le Premier président, Latin Poda

Créée en 2000, la Cour des comptes du Burkina Faso peine toujours à fonctionner à pleine capacité, malgré son rôle central dans le contrôle des finances publiques. Vingt-cinq ans après sa mise en place, la question de la volonté politique reste posée avec acuité, selon l’actuel Premier président, Latin Poda, interrogé par le site burkinabè Lefaso.net, en marge du Forum ouest-africain sur la gestion des finances publiques francophones.

Deuxième Cour des comptes à voir le jour dans l’espace UEMOA, après celle du Sénégal, l’institution burkinabè fait pâle figure par rapport à ses homologues de la sous-région. Celles de la Côte d’Ivoire, créée en 2018, et du Bénin (2023) disposent déjà de sièges dignes, de budgets octroyés directement par les Parlements et « pratiquement d’une autonomie financière et de gestion de leurs activités », explique le Premier président de la Cour des comptes du Burkina, Latin Poda au média burkinabè lefaso.net.

Au Burkina Faso, la Cour des comptes, créée depuis l’an 2000, peine à atteindre sa vitesse de croisière en termes d’efficacité. « Depuis la création de la Cour des comptes en 2000, son budget annuel n’a jamais dépassé 500 millions FCFA », dit-il. Ce montant semble largement en deçà des attentes, vu l’ampleur de ses attributions.

La Cour des comptes dispose, par exemple, de compétences juridictionnelles, non juridictionnelles et d’assistance. Elle juge les comptes des comptables publics, contrôle la légalité, la régularité et la gestion des opérations financières de l’État, des collectivités, des établissements et entreprises publics, ainsi que des organismes bénéficiaires de fonds publics. Elle assiste également l’Exécutif et le Parlement. Depuis la loi organique du 6 novembre 2015, elle est chargée d’évaluer les politiques publiques, de certifier les comptes de l’État et de donner son avis sur les dispositifs de contrôle interne, de gestion et sur la qualité des procédures et des rapports de performance.

Ressources humaines en fuite

Sur la comparaison avec l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), évoquée par un participant lors des travaux du forum, le Premier président tranche net : les deux institutions ne sont pas comparables en termes de budget. « L’ASCE-LC avait un budget de près de trois milliards FCFA par an. Comparé au budget alloué à la Cour des comptes, c’est le jour et la nuit. Voilà pourquoi je dis que l’efficacité de la Cour des comptes est une question de volonté politique », explique-t-il.

L’instabilité de l’institution concerne aussi sa ressource humaine. Par exemple, au Sénégal, dit-il, la Cour des comptes bénéficie d’un statut clair et attractif pour ses membres, avec des avantages précis, ce qui renforce son prestige et sa stabilité en ressources humaines. Au Burkina Faso, en revanche, la Cour souffre d’un manque de statut et de régime juridique pour son personnel, notamment les assistants de vérification, qui quittent l’institution faute de perspectives. Cette instabilité empêche la capitalisation de l’expérience acquise. « Le dernier qui est venu me voir, c’est une dame. Elle a eu mieux ailleurs, elle va partir. C’est une préoccupation que nous avons posée depuis longtemps aux autorités », révèle-t-il.

Une révision de la loi, entamée depuis plusieurs années, n’a toujours pas été finalisée.

Par Marie D. SOMDA, Sira info

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