Les rapports commandités par l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la Corruption (ASCE-LC) livrent leurs petits secrets. Celui de la SONABEL révèle que la société n’arrive pas depuis quelques années à épuiser ses budgets d’investissement. Elle n’en consomme même pas la moitié, sauf en 2020 où le taux d’exécution a atteint 54,50%. C’est « très faible », selon le rapport.
La Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL) se dote chaque année d’un budget d’investissement. Objectif : permettre à la nationale de l’électricité d’acquérir des biens et matériels, construire ou aménager des travaux d’infrastructures ou encore faire certaines opérations financières, etc. Lors du passage des auditeurs de l’ASCE-LC dans la « maison », ils ont fait un constat. La SONABEL a du mal à épuiser ce budget chaque année. Entre 2018 et 2022, elle a passé la barre de 50% de consommation de ce budget, une seule fois. En termes simples, l’argent est là chaque année. Mais la société, comme si elle est impuissante, n’arrive pas à le « bouffer », comme on le dit dans le langage populaire. Tenez ! En 2018, la SONABEL avait prévu 99 487 157 000 FCFA comme budget d’investissement. Mais à la fin de l’année, elle n’avait même pas pu consommer la moitié. Selon les auditeurs, seulement 41,78% de ce montant été dépensé. L’année suivante (2019), les responsables de la société, certainement au regard du taux d’exécution très faible de ce budget en 2018, l’a pratiquement divisé en deux. Le budget d’investissement de 2019 est en effet 47 899 910 000 FCFA. Soit moins de la moitié de celui de 2018. Mais là encore, patatras ! La SONABEL n’a pu dépenser que 32,07%. Et ce n’est pas tout !
En 2020, selon le rapport, le budget d’investissement était d’un montant de 126 000 064 000 FCFA. A la fin de l’année, la société n’avait consommé que 54,50%. C’est la seule année pendant laquelle plus de la moitié du budget a été dépensé. Pour 2021, les responsables de la société ont baissé les prévisions d’investissement. Ils les ont plafonnées à 84 512 251 000 FCFA. Mais là encore, le taux d’exécution s’est grippé à 40,54%. Enfin, vient 2022. Là, la SONABEL a affiché de grandes ambitions. Le budget d’investissement est plus élevé que celui des quatre années antérieures. Il est plus du double de celui de 2021 dont le taux d’exécution est de 40,54%. En effet, la SONABEL avait prévu pour cette catégorie des dépenses, 175 367 298 000 FCFA. Il devait donc permettre à la société de faire de gros investissements afin d’être plus efficace et remplir de façon efficiente ses missions. Mais le taux d’exécution à la fin de l’année est le plus faible des quatre années antérieures. Il est de 20,86%.
Par contre, le budget d’exploitation atteint chaque année un taux d’exécution de plus de 100%, sauf 2019 où il était de 97,67%. En 2021 par exemple, le taux d’exécution de ce budget est de 105,89%.
Les auditeurs estiment que le niveau d’exécution « du budget d’investissement est très faible ». Or, la Société ne peut être suffisamment efficace qu’en élargissant chaque année ses investissements sur tous les plans. Les taux d’exécution mentionnés dans le rapport indiquent ainsi que les problèmes d’investissement de la SONABEL ne sont donc pas d’ordre financiers mais relèvent d’une incapacité de la société à consommer le peu qui est alloué à ce secteur.
Lomoussa BAZOUN