Concert Peace and Unity : Smarty fait bouger des milliers de personnes

Après plus de vingt (20) ans de musique, auréolés de cinq albums avec son ancien groupe Yeleen, deux albums solos, un EP et plusieurs singles, l’enfant de Bibalgo n’a pas encore dit son dernier mot. Artiste réputé exigeant dans le travail, Smarty est un lyriciste reconnu pour la qualité de ses textes et pas que… Il a aussi la réputation d’être un doué des spectacles live. Sa musique trouve un écho favorable auprès des adultes et ces dernières années, les plus jeunes reprennent en chœur certains titres purement rap, sur les réseaux sociaux. Sacré Kundé d’or en mai 2023 avec son dernier album Odyssée, le rappeur a convié son public, ce 18 novembre à l’ex-camp fonctionnaires de Ouagadougou, à un concert gratuit, au nom de la paix et de l’unité.

L’ex-camp fonctionnaires de Ouagadougou est bondé ce soir. Le mot d’ordre est quasiment respecté : une grande partie du public est habillé en blanc. En face du public est érigé un grand podium : appareils de sonorisation et orchestre sont bien en place et font face à la cathédrale. Au fond du podium est visible un panneau publicitaire gigantesque avec une affiche qui tape vite dans l’œil : « Peace and Unity ». Deux grands écrans publicitaires à gauche et à droite du podium font défiler les visuels de l’artiste.

Le rappeur Smarty a, en effet, donné rendez-vous à son public et à ses admirateurs dans cet espace qui lui rappelle le lieu où tout a commencé : Bibalgo, son quartier d’enfance.  Le spectacle n’a pas encore commencé. Il est 19 h 38. L’espace est pratiquement vide. Le début est prévu pour 20h 10. Mais sur le podium, apparemment tout n’est pas encore ok. Les techniciens sont à l’œuvre. Et les agents de sécurité font la ronde, armes en mains. Ils surveillent les alentours.  Mais les fans déjà présents, dont la plupart sont accrochés à leurs téléphones, sont enthousiastes à l’idée de voir leur artiste monter sur scène.

« Quand je suis en bonne santé, il m’est difficile de rater un concert de Smarty. Ce n’est pas parce que c’est gratuit. Mon affaire avec lui date de Yeleen. La chanson qui m’a fait aimer Smarty, c’est le titre Maxime, depuis le premier album de Yeleen. J’étais au stade en 2021 et ce soir encore j’attends de le revoir sur scène », affirme Francis Ouattara, la trentaine bien sonnée, vêtu d’une chemise manche longue blanche.  Si ce fan suit l’artiste depuis ses débuts, d’autres par contre ne l’ont connu que seulement ses dernières années. « Moi à vrai, je ne l’écoutais pas. Mais quand la chanson le chapeau du roi (Ndlr : le vrai titre c’est chapeau du chef ) est venue au Bac, c’est à cette période que j’ai commencé à le suivre. Je suis devenue fan à cause de la chanson reine. J’espère qu’il va chanter ça ce soir », explique Armel Ouédraogo, admiratrice de l’artiste.

Les premières parties

21 h 04. La soirée démarre avec les premières parties.  Plusieurs artistes dont Shelaboy, Limachel, Saymone et le Kundé d’or 2015, Sana Bob se succèdent. Quelques difficultés techniques entrecoupent le passage du Kundé d’or 2015. Mais son expérience joue en sa faveur. Le public connait ses chansons à succès et chante avec lui. Il est 22 h et quart. L’espace camp fonctionnaires est chauffé à point et le public est enfin prêt et même impatient de vivre le show principal.

22h 17. Smarty est annoncé sur scène. Et là, le climat change. La foule est en liesse et les cinq musiciens (instrumentistes) qui accompagnent l’artiste sont déjà installés et maintiennent cette ferveur. Batterie, guitares, piano font voler les notes musicales dans une complicité dont ils ont le secret. Puis une voix retentit et les instruments se taisent. « L’éternel est mon berger, je ne manquerai de rien », résonne. Ce n’est pas encore Smarty mais la chanson « Psaume 23 » de Alpha Blondy qui est une sorte de prière.

22 h 22. Smarty monte sur scène. Boubou blanc, estampillé des couleurs nationales à la poitrine, jean blanc, baskets blanches. Les musiciens jouent la chanson « Bienvenue ». La température monte rapidement. Des cris, des flashs, des applaudissements rythment l’interprétation de chaque chanson. L’artiste est sur un terrain acquis. Des titres de son premier album Afrikan kouleurs à Odyssée (son 2e), le public chante avec lui, l’applaudit. Cerise sur le gâteau : le titre Awatou de Yeleen s’invite dans le concert et crée le délire. Et quand le rappeur laisse les musiciens s’exprimer individuellement, chacun avec son instrument, c’est l’extase. Amidou le doux, très connu avec son groupe les Séparables et les autres sont applaudis. Et le jeune choriste qui accompagne l’artiste a un merveilleux instrument : sa voie. Il a une qualité  vocale qui n’a pas laissé le public indifférent.

Les rappeurs Didier Awadi du Sénégal, Askoy et Toksa font le show et sont acclamés par le public. « Vous vivez un sale temps au Burkina. Mais je sais que l’échec n’est pas Burkinabè. Mon héros (Thomas Sankara) a dit, la patrie ou la mort, nous vaincrons », s’exclame Didier Awadi avant de quitter la scène.

« C’était phénoménal »

Ceux qui ont effectué le déplacement ont eu droit à une exclusivité. Ce nouveau titre a convaincu les admirateurs de l’artiste. Il a dû le bisser sur leur insistance. A 23 h 58 : la 17e et dernière chanson de la soirée captive : c’est le titre à succès « Rien à prouver (RAP). » Le public connaissant les paroles de ce morceau rappe avec lui. L’émotion est vive. Le spectacle prend fin avec l’hymne nationale chanté en chœur.

« L’artiste a véhiculé un beau message ce soir. Et il a terminé par l’hymne nationale. Et tout le monde a chanté en chœur. Cela m’a beaucoup touché. Il a fait presque deux heures de spectacle. C’était phénoménal. Il ne se passe pas un seul jour sans que j’écoute Smarty. Il est comme une boussole pour moi », laisse entendre Joseph Tondé, un fan de l’artiste, vêtu d’un tee-shirt blanc estampillé « Beewane ». « Le spectacle est sans commentaire. Ça montre effectivement qu’il n’a plus rien à prouver au Burkina. Je le suis depuis Yeleen », tonne Aboubakary Tiendrebéogo, à la fin du concert.

Lomoussa BAZOUN

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