En 2020, un « vilain petit virus » a mis le monde entier au pilori. Mesures barrières, port de masque, couvre-feu, confinement, etc. sont les termes que la COVID-19 avait imposés au monde. Mais derrière, pour faire face à cette maladie virale, les Etats ont mobilisé des sommes colossales. Au Burkina, selon le rapport annuel général de l’Autorité supérieur de contrôle de l’Etat et de Lutte contre la Corruption ( ASCE-LC), remis au chef de l’Etat le 30 janvier 2024, dans la riposte contre cette maladie, l’Etat burkinabè avait mobilisé une somme astronomique : 394 milliards FCFA repartis entre plusieurs entités. Parmi elles, le ministère de la Santé. Au résultat, ce ministère n’a pas pu justifier des dépenses de presqu’un milliard FCFA.
La COVID-19 est passée. L’heure des comptes a sonné. Les contrôleurs de l’ASCE-LC sont à l’œuvre. Ils débarquent au ministère en charge de la Santé. Les dépenses effectuées dans le cadre du plan de riposte couvrant la période du 1er janvier 2021 au 31 octobre 2022 sont passées au peigne fin. Des failles dans l’exécution de ces dépenses n’ont pas tardé à pointer le bout du nez. Dans les pièces justificatives, les calculs ne sont pas nets. Les comptes ne sont pas bons. L’argent est sorti mais les pièces justificatives sont introuvables. Ils ne les trouveront pas jusqu’à la fin des travaux. Le rapport d’audit le dit expressément : « Les constats faits lors de l’audit concernant les fonds alloués au ministère se résument ainsi qu’il suit : dépenses non justifiées d’un montant de neuf cent quatre-vingt-dix-huit millions cent quarante-trois mille (998 143 000) F CFA dont neuf cent soixante-dix-huit millions trois cent soixante-dix mille (978 370 000) FCFA représentant des fonds alloués à la campagne de vaccination adressés par les PDV aux directions régionales et un écart sur des comptes de dix-neuf millions sept cent soixante-treize mille trois cent quatre-vingt-sept (19 773 387) F CFA ». Et ce n’est pas tout. Les états financiers ne convainquent pas les auditeurs. Ils sont douteux. C’est écrit dans le rapport : « non fiabilité des états financiers ou faible qualité des informations financières ; règlements de factures de structures autres que le ministère de la Santé (MCA ; MERSI) par l’unité de gestion, d’un montant de soixante-huit millions quatre cent trente-huit mille huit cents (68 438 800) F CFA sans autorisation expresse du ministre en charge des finances ; absence de logiciel de gestion pour les financements BID et BADEA, etc. »
D’autres faits sont reprochés au ministère en charge de la santé. Cela ressort dans le rapport d’« audit des dépenses effectuées dans le cadre du plan de riposte au covid-19 au 31 décembre 2020 ». Des marchés passés dans ce cadre sont entachés d’irrégularités. Des entreprises ne remplissant pas les conditions ont pourtant obtenu des marchés : « huit marchés (08) présentent des insuffisances au niveau des pièces administratives : absence de pièces administratives dans les dossiers de marchés (attestation de situation fiscale, registre de Commerce, attestation de non engagement, attestation de soumission, certificat de non faillite », soulignent les auditeurs. Le montant total des marchés en cause se chiffre à 4 510 304 708 FCFA sur un total de 26 843 046 301 FCFA. Soit 16,8 % des marchés attribués dans le cadre de la riposte dans ce ministère. De plus, sur un total de 65 marchés 50 ont été passés par entente directe, 15 en demande de cotation.
Mais les auditeurs y mettent un bémol : au moment de la crise, certains « services administratifs n’étaient pas totalement fonctionnels, rendant difficile l’obtention en urgence de certains documents administratifs ».
Selon l’ASCE-LC, le plan de riposte mis en place par le gouvernement au moment de cette crise sanitaire est évalué à trois cent quatre-vingt-quatorze milliards (394 000 000 000) FCFA repartis entre les mesures sanitaires, sociales, budgétaires et fiscales. Les 394 milliards FCFA ne sont donc pas gérés uniquement par le ministère en charge de la santé. Le plan a été financé sur le budget de l’Etat et les partenaires du Burkina.
par Lomoussa BAZOUN, Sira info