Grand banditisme: Deux jeunes braquent des domiciles à Tanghin en tenant en respect les occupants

Le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga I demande au tribunal de sévir vigoureusement. Il réclame des peines d’emprisonnement lourdes contre deux récidivistes. Ces derniers ont été conduits à la barre pour des faits de grand banditisme courant janvier dans le quartier Tanghin de Ouagadougou. Si l’un reconnait les faits, l’autre les nie en bloc après les avoir pourtant reconnus à la police et devant le procureur. Le verdict sera connu le 26 mars 2024.

Tous deux anciens clients de la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), JK et IA risquent d’y retourner très bientôt. La cause. Ils étaient encore devant le tribunal de grande instance Ouaga I ce mardi 5 mars 2024 pour des faits de grand banditisme. Concrètement, il leur est reproché des faits de braquage à mains armées. Et lesdits faits remontent aux 16 et 20 janvier 2024.

Le 16 janvier, pendant que la majorité des Burkinabè poussaient les Etalons à la victoire, JK et son collègue IA jouaient leur match à eux au quartier Tanghin. Ce match, digne d’un film d’horreur s’est terminé au TGI Ouaga I ce mardi. Que s’est-il passé ?

Les deux jeunes, d’environ 30 ans chacun, ont braqué une dame à son domicile à Tanghin, en plein jour, autour de 15 heures. La victime était au salon avec sa belle-sœur et son fils. Lorsque le match des étalons débute, le 16 janvier, l’enfant demande la permission à sa mère pour rejoindre ses amis. Il quitte alors la cour familiale et laisse le portail juste rabattu. En plein match, la victime voit un individu qui entre dans sa cour. Elle sort aussitôt. Que veux-tu ? Le visiteur insolite réplique qu’il veut de la glace. Pourtant, elle n’a jamais vendu de la glace. Etrange ! Le visiteur quitte la cour et la dame referme le portail en prenant le soin de mettre le crochet.

Mais autour de 15 heures, les occupants de la cour sont surpris par deux visiteurs. Celui qui disait vouloir acheter de la glace fait partie. Ils sont passés par le mur, le portail étant fermé, avec un crochet à l’intérieur. Mais la porte du salon est ouverte. Ils ont surgi d’un coup. Et là ce n’est plus la glace que le premier visiteur et son acolyte recherchent. Ils somment les occupants de la maison de garder le silence, des armes blanches en mains. L’un avait un couteau et l’autre une machette, selon les victimes. Les deux visiteurs tiennent ainsi en respect les victimes et les conduisent dans la chambre conjugale. Là, ils recherchent de l’argent liquide et des objets de valeur. La patronne de la cour propose de leur faire un transfert mobile money parce qu’il n’y a plus de liquidité dans la maison. Peine perdue. Le premier qui avait semblait de rechercher la glace semble être le chef des opérations. Il fouille tous les recoins de la maison. Il découvre deux nouveaux ordinateurs portables de marque Lenovo et Microsoft sous le lit. Mais ce butin est toujours insuffisant aux yeux des deux braqueurs. Fouilles et menaces se poursuivent.

L’un deux pose son couteau sur le cou du gamin. « Je vais l’égorger si tu ne montres pas où se trouve l’argent », rappelle la mère au tribunal

Quelqu’un frappe au portail. Silence dans la maison ! Qui est-ce ? La patronne de la maison reconnait la voix de son fils. La belle-sœur de la patronne de la cour est alors ligotée. L’un des présumés malfrats sort, ouvre le portail et ramène l’enfant dans la chambre. Il en fait un objet de chantage. La dame est horrifiée de ce qu’aucune mère ne souhaite voir. L’un deux pose son couteau sur le cou du gamin. « Je vais l’égorger si tu ne montres pas où se trouve l’argent », rappelle la mère au tribunal. Elle sort la somme de 25 000 FCFA de sa valise. Mais la somme est insuffisante aux yeux des « visiteurs ». Mais avec les deux ordinateurs portables, ça peut faire l’affaire ! Mais avant de partir, ils menacent la dame, en lui précisant qu’ils la connaissent très bien. « Ce matin, tu es allée déposer l’enfant à l’école et repartir le chercher ». Ainsi, ils ont étudié les habitudes et les mouvements de la victime.

En plus des deux ordinateurs, ils ramassent les sacs à main des deux dames ainsi que leurs téléphones. Et pour finir, ils ont saisi la moto de marque Sirius appartenant à une l’une des victimes.

« Je ne voyais de telles scènes que dans les films d’horreur. Je n’osais pas imaginer que ça se passe dans la vraie vie », a confié la belle-sœur au tribunal.

Les trois victimes qu’ils ont pris le soin d’enfermer dans la chambre conjugale crient au secours, après leur départ. Devant les juges, les victimes sont encore traumatisées. Pendant leurs témoignages, elles n’ont pas pu s’empêcher de couler des larmes. « Je ne voyais de telles scènes que dans les films d’horreur. Je n’osais pas imaginer que ça se passe dans la vraie vie », a confié la belle-sœur au tribunal.

Interrogé, l’un des prévenus reconnait les faits tels que racontés par les victimes. Mais le premier qui était venu d’abord chercher de la glace est formel. Ce dernier a été libéré de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou en fin 2023. ET en janvier 2024, il semble avoir repris. Devant le tribunal, il affirme ne pas faire partie de l’opération. Mais son nom revient dans une autre affaire similaire le 20 janvier. Soit quatre jours après l’opération du 16 janvier.

Ce deuxième a aussi eu lieu au quartier Tanghin et quasiment dans les parages du domicile de la première victime. Cette opération a eu lieu dans la soirée autour de 21 heures. Ils ont usé du même mode opératoire.

Les deux se sont introduits dans un domicile. La patronne des lieux, ayant senti une présence suspecte, sort dans la cour mais ne perçoit personne. Les deux bandits, selon les faits racontés, sont passés par l’arrière pour se retrouver à l’intérieur de la maison. Pendant que la mère est au salon, son fils de près de 20 ans était sous la douche. Il est dégagé par les visiteurs sans ses vêtements. Ils tiennent des armes blanches. Mais le jeune homme a pu reconnaitre l’un de ses bourreaux qu’il voyait dans le voisinage de leur ancienne maison. Il a fait semblant de ne pas le connaitre. Il est conduit et enfermé dans la chambre où était couché son frère cadet. Le jeune homme prend alors son autre téléphone qui se trouvait dans la chambre et commence à multiplier les messages et appels au secours.

Il requiert de ce fait une peine d’emprisonnement de 30 ans pour les deux, dont 15 ans ferme et une amende de 5 millions FCFA assortie de sursis

Pendant ce temps, les deux visiteurs tiennent en respect au salon leur mère. Ils ramassent pratiquement tout ce qu’ils trouvent et peuvent transporter. Quatre sacs d’écoliers, des téléphones, les sacs à mains dans lesquels se trouvaient les documents de la mère et bien d’autres objets de valeur. Le temps que les voisins et amis alertés par l’enfant arrivent, les deux avaient déjà quitté les lieux.

Leurs opérations ont marché en moins d’une semaine. Mais ils ont fini dans les filets de la police. La majorité de ceux à qui ils avaient vendu les objets dérobés à la faveur des deux opérations et d’autres ont été retrouvés et les biens rétrocédés à leurs propriétaires. L’un des acheteurs a même été à la barre pour des faits de recèle. C’est ce dernier, maintenancier de profession, a payé l’ordinateur Lenovo et le bloc-moteur de la moto Sirius.

Pour l’ensemble de ces faits, le parquet a demandé au tribunal de leur applique une peine exemplaire. Les deux sont tous des anciens pensionnaires de la MACO. Pour le procureur, ces anciens détenus qui récidivent après libération, prouvent que leurs peines antérieures étaient insuffisantes. Il requiert de ce fait une peine d’emprisonnement de 30 ans pour les deux, dont 15 ans ferme et une amende de 5 millions FCFA assortie de sursis. Le délibéré est attendu le 26 mars 2024.

Par Judichaël KAMBIRE, Sira info

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