Veilleur de nuit, Mamzou (nom d’emprunt) était à la barre du Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga 1, ce 15 avril 2024. C’est son employeur, Kamu (nom d’emprunt) qui l’y a conduit. Le gardien est accusé d’avoir volé un tricycle dont il était chargé d’assurer la garde. Le procureur a requis 24 mois dont 12 mois ferme et une amende de 500 000 FCFA avec sursis à l’encontre du prévenu.
Mamzou (nom d’emprunt) a été engagé, en qualité de vigile, pour assurer la garde des biens de Kamu (nom d’emprunt). Mais cette collaboration a fini mal. L’employeur semble avoir fait entrer le loup dans la bergerie. Son gardien est devenu son voleur, selon les témoignages au procès. Ce 15 avril, Mamzou, la quarantaine bien sonnée, l’air visiblement fatigué par les vicissitudes de la vie, fait face aux juges. Il doit s’expliquer sur la disparition du tricycle de son patron Kamu. Ce dernier l’a en effet embauché pour veiller sur son entreprise de vente de marchandises diverses. Le tricycle en question servait à livrer les marchandises.
Les faits remontent au 27 décembre 2023. Deux jours après la fête de Noël. Seul dans la nuit, Mamzou semble avoir décidé d’assouvir une envie qui trônait dans son esprit : extraire le tricycle de celui qui l’emploie. Selon les éléments d’explication au procès, il a conduit le tricycle de son patron, sans les clés, vers une destination inconnue jusqu’à ce jour. Mais il s’est pris les pieds dans le tapis. La joie d’avoir pu extraire le tricycle de son patron et le revendre est devenu son cauchemar.
Devant le TGI Ouaga 1, il reconnait entièrement les faits et implore la clémence du tribunal et de son ancien patron. « Je reconnais avoir volé le tricycle de mon patron. Je l’ai revendu à Rabo. Je demande pardon ».
Devant les juges, son patron raconte comment il a découvert le forfait. « C’est le 27 décembre que j’ai constaté que le tricycle, qui était là la veille, avait disparu. Je lui ai demandé, et il a dit ne rien savoir. J’ai fait la déclaration de perte à la gendarmerie et à la police. Ensuite, j’ai fait appel aux kolgwéogo. Il s’était caché. Mais comme il devrait travailler dans la soirée, les kolgwéogo sont revenus le prendre et finalement il a laissé entendre que c’est lui qui a pris. Ils l’ont amené à la gendarmerie où il a encore reconnu que c’est lui qui l’a pris pour vendre ».
Le tribunal, assez étonné, multiplie alors les questions pour comprendre comment cet homme, mince et visiblement en difficulté, a pu déplacer un tricycle sans ses clés pour le vendre. Et Mamzou, le voleur lui-même lève un coin de voile, sans gêne. « Des voleurs ont volé dans le voisinage, mais pas chez moi. J’étais sur le site cette nuit-là ». Il en donc profiter pour faire disparaitre le tricycle de son « boss ». Mamzou a en fait poussé ledit engin, tout seul, jusqu’aux encablures du cimetière de Sondogo, un quartier voisin de Pissy. A ce jour, les enquêtes n’ont pas pu permettre de retrouver l’acheteur de l’engin volé.
Où est donc passé le tricycle ?, demande le tribunal. « C’est moi qui l’ai vendu à 125 000 FCFA », dit-il. « Le tricycle entier ? », s’écrie le juge. « Oui », répond-il. Et pourquoi faire ? « Mon père était décédé », confie le vigile.
Le parquet a jugé les faits d’abus de confiance caractérisés et a requis contre lui une peine d’emprisonnement de 24 mois dont 12 mois ferme et la somme de 500 000 FCFA assortie de sursis. La victime Kamu quant à lui estime la valeur de son tricycle, vieux de quatre ans au moment du vol, à 750 000 FCFA. Le dossier est mis en délibéré le 29 avril 2024.
Par Judichaël KAMBIRE, Sira info