Le Pr Christian Napon, neurologue burkinabè, lance une alerte. Les boissons énergisantes peuvent être sources d’insomnies, d’anxiété, de troubles du rythme cardiaque, etc. Leur consommation excessive est donc dangereuse pour la santé. Pourtant, elles bénéficient d’une grande campagne publicitaire qui fait les éloges de leur vertu. Dans certains Etats, la commercialisation de ces boissons est bien encadrée.
Il soigne les maladies touchant le cerveau, la moelle épinière ou encore les nerfs depuis 2005. Son nom : Christian Napon, médecin spécialisé en neurologie. Il a aujourd’hui le grade de Pr. C’est donc sur la base d’une expérience solide qu’il s’exprime sur la question des dangers liés à la consommation des boissons énergisantes. A l’en croire, la majorité des consommateurs des boissons énergisantes sont des jeunes. « On a estimé que 65% des consommateurs sont des jeunes de moins de 35 ans. »
Elles sont généralement utilisées pour se donner un certain « tonus », dit-il. Le Pr Napon donne des détails sur leur composition : « Ce sont des boissons qui sont riches en caféine. Mais également en vitamine B avec certains extraits de plantes comme la guarana. » Elles contiennent aussi des acides aminés comme l’arginine. Cette composition permet d’augmenter les effets de ces excitants, explique-t-il. Mais le véritable danger se situe au niveau de la caféine. « Le principal composé, c’est la caféine. Et selon les formats et les marques, vous avez, sur une bouteille de 250 millilitres, entre 80 et 300 milligrammes de caféine. Or, la composition en caféine ne doit pas dépasser 400 milligrammes par jour chez l’être humain ». Dans notre contexte, il n’est pas rare de voir des jeunes consommer ces boissons à longueur de journées. Deux, trois ou quatre bouteilles ou encore plus. La dose de 400 milligrammes/jour se trouve franchie très souvent. Et cet excès n’est pas sans conséquences : insomnies, anxiété et troubles du rythme cardiaque, etc. « On a même déploré, aux Etats-Unis, des arrêts cardiaques liés à la consommation excessive de ces boissons », déplore le neurologue.
Toujours selon le Pr Christian Napon, les consommateurs de boissons énergisantes sont aussi généralement des consommateurs d’alcool. Or les boissons énergisantes, selon lui, réduisent ou amenuisent les effets de l’alcool grâce à la caféine. « La caféine a un effet inhibiteur sur les effets de l’alcool dans l’organisme. Les gens ont tendance à augmenter leur consommation d’alcool pour surmonter cette inhibition liée à la caféine ». C’est-à-dire que le consommateur qui les mélange peut boire beaucoup d’alcool sans se saouler très vite.
Pourtant l’excès d’alcool aussi a un impact négatif sur le système nerveux et l’organisme en général. « L’alcool va jouer sur l’intelligence, l’alcool peut entrainer des AVC, l’alcool peut toucher différents organes comme le foie, le rein ». L’on développe alors des maladies comme la cirrhose du foie, le cancer du foie, l’hypertension artérielle et bien d’autres. Ce mélange fait donc que dans la journée, le consommateur des boissons énergisantes peut aussi très vite dépasser la dose de caféine normal (400 milligrammes/jour), en plus de l’alcool.
Certains Etats ont pris conscience du danger et ont encadré sa consommation. Ce qui n’est pas le cas au Burkina. « Dans un pays comme la Norvège, ces produits sont vendus juste en pharmacie. En suède, la consommation de cette boisson est interdite aux jeunes de 15, 16 ans. En France également, je crois qu’elle est interdite en milieu scolaire. », a longuement expliqué le Pr Napon. Mais tous les effets de ces boissons n’ont pas encore été déterminés de façon exhaustive, ajoute-t-il. Cependant, le danger est déjà connu. Beaucoup de jeunes qui en consomment, confie-t-il, ont parfois des difficultés à se concentrer, à dormir comme il faut. Ils développent aussi des troubles cardiaques. Tout cela amenuise leur efficacité dans les études et même dans le milieu professionnel. « C’est vraiment pour sensibiliser les jeunes à éviter une surconsommation et même une consommation de ces produits. », conclut-il.
Par Judichaël KAMBIRE, Sira info