Burkina/Ouagadougou : Le parquet requiert 48 mois de prison ferme contre un étudiant livreur de drogue à certains FDS

Un étudiant livreur de drogue était à la barre du Tribunal de grande instance Ouaga I le 22 avril 2024. Dougs (son nom d’emprunt) a reconnu les faits de détention et de cession illicites de cannabis que lui reproche le procureur du Faso près le tribunal de grande instance Ouaga I. Le parquet a requis 48 mois de prison ferme contre lui mais l’étudiant souhaite être condamné à l’exécution de travaux d’intérêt public compte tenu de son statut. Le tribunal doit rendre son verdict le 29 avril 2024.

Dougs (nom d’emprunt), étudiant en année de licence dans un institut privé de la place, a réussi à intégrer un réseau à haut risque mais dont les revenus sont certainement loin de ceux de ses camarades qui transpirent en exerçant de « petits boulots » comme on les appelle. Dans ce réseau, il avait un rôle de livreur de colis assez spéciaux: la drogue. Mais un jour, la roue a tourné et très mal pour lui. Que s’est-il passé ?

La gendarmerie nationale a été alertée qu’un jeune livrait de la drogue à certains FDS. Une équipe a été mise sur son dos et elle a fait son travail. L’élément est ciblé et interpellé. Mais les enquêtes montrent, selon les explications le jour du procès, qu’il n’est pas seul. Il est en réalité l’employé d’un autre qui n’était pas à la barre. Pourtant ce patron semble être connu grâce aux enquêtes.

« Il (le patron en question) m’a rassuré que vu que c’est à des Forces de défense et de sécurité (FDS) que je dois livrer, il n’y a pas de risques.

Dougs raconte lui-même son mode opératoire au tribunal. Il récupérait les colis dans le quartier Gounghin et les livrait un peu partout dans la ville mais surtout dans un camp militaire de la ville de Ouagadougou. « Il (le patron en question) m’a rassuré que vu que c’est à des Forces de défense et de sécurité (FDS) que je dois livrer, il n’y a pas de risques. Qu’en réalité, le cannabis les aide à remonter le moral. C’est ainsi que j’ai accepté ». Il a par contre affirmé à la barre qu’il est bien conscient des dangers de la consommation de la drogue. Et pour avoir suivi des campagnes de sensibilisation dans son établissement, il ne consomme pas les stupéfiants. Il fumait la cigarette auparavant mais dit avoir stoppé cela pour préserver sa santé. Mais cela ne l’a pas empêché d’être un livreur de drogue tout de même. Mais un jour, tout bascule.

Son patron est un FDS, clament ses avocats

Les conseils du prévenu n’ont pas voulu que leur client porte seul le chapeau. Alors ils dévoilent certains aspects de l’histoire qui met en cause leur client. Il ressort que Dougs, le livreur de cannabis, a été dénoncé par un médecin militaire du camp militaire où l’étudiant livrait la drogue à Ouagadougou. Selon les avocats, l’enquête qui a abouti au procès de leur client révèle que le patron est en réalité un FDS qui faisait livrer le cannabis à ses frères d’armes.

Le pot-aux-roses a été découvert par un médecin militaire. Après des examens, il a constaté des traces de drogue dans le sang de certains de ses patients. Alors il décide d’y voir plus clair. L’enquête a conduit à l’étudiant. Une équipe de gendarmes ont été mis à ses trousses : 7 gendarmes au total, selon les témoignages au procès. Ils lui ont tendu un piège et il y est tombé. Il se retrouvera ainsi encerclé par les 7 gendarmes au cours d’une de ses opérations de livraison. Dougs affirme que ces livraisons lui permettaient d’avoir entre 2000 et 5000 FCFA par colis livré. Le deal a foiré et bonjour les ennuis judiciaires.

« Il a été appréhendé au cours de l’opération de livraison de ladite commande avec 411 grammes de cannabis. Une perquisition permettra de retrouver à son domicile 149 grammes

Mais le parquet ne le voit pas comme un jeune qui cherchait juste son argent de carburant comme l’étudiant et ses avocats l’ont affirmé face aux juges. Au moment de son arrestation, souligne le parquet, Dougs appartenait à un gang de trafiquants de stupéfiants. « Il a été appréhendé au cours de l’opération de livraison de ladite commande avec 411 grammes de cannabis. Une perquisition permettra de retrouver à son domicile 149 grammes, des grains de cannabis et du papier OCV (un type de papier spécial dans lequel est enroulé le cannabis pour être consommé). Lorsque l’étudiant vendeur de drogue s’est rendu compte qu’il était pris au piège, il a tenté, en vain, de se défaire du lot qu’il avait sur lui. Les 7 gendarmes qui étaient mobilisés pour son arrestation étaient déjà autour de lui », raconte le parquet. Il poursuit qu’il exposait son entourage au point que les voisins craignaient pour leurs enfants. « Une petite enquête dans son quartier a permis de se rendre compte que ses voisins sont assez soulagés depuis son arrestation. Ces derniers voyaient leurs enfants exposés à la consommation de stupéfiants ». Pour le parquet, les faits de détention et de cession illicites de cannabis qui lui sont reprochés sont caractérisés. Il requiert alors contre le prévenu 48 mois d’emprisonnement ferme et une amende de 1 000 000 FCFA avec sursis.

Les conseils du prévenu montent de nouveau au créneau. Ils s’offusquent du fait que le « cerveau » ou le patron de leur client ne soit pas mis aux arrêts. « Ce n’est pas le cas parce que c’est un FDS. Ce petit n’est qu’un pauvre étudiant qui assure les livraisons pour se faire un peu de sous pour assurer son carburant et ses petits besoins », plaident-ils. Ils sont favorables à la condamnation aux travaux d’intérêt public à défaut du sursis.

Les jugent ont demandé au prévenu s’il accepterait faire des travaux d’intérêt public comme peine. « Oui, je suis d’accord. Je n’ai pas peur de travailler », a répondu le prévenu. La condamnation à l’exécution de travaux d’intérêt public est une sorte de peine prononcée par le tribunal de concert avec le prévenu, sur la base du statut de ce dernier. Pour lui permettre donc de suivre toujours ses cours, le tribunal pourrait ainsi le condamner à exécuter des tâches données dans un service public. Mais il n’est pas payé pour ce service, a précisé le tribunal. Le dossier est mis en délibéré le 29 avril 2024.

Par Judichaël KAMBIRE, Sira info

Rejoignez notre chaîne WhatsApp Sira info à travers ce lien sécurisé pour ne plus rien rater de nos révélations https://whatsapp.com/channel/0029VaF7v4wD8SDupBhzox3R
Et notre page Facebook Sira info: Facebook

Partager:

Plus d'articles

Journal numérique d’information générale et d’investigation, indépendant et attaché aux faits d’intérêt public.

Copyright © 2023  SIRAINFO – Tous droits réservés

error: Content is protected !!