Ouagadougou/Burkina : A 21 ans, il sait déjà établir de faux bons de livraison pour voler son patron

Ouagadougou/Burkina : A 21 ans, il sait déjà établir de faux bons de livraison pour voler son patron

Conducteur dans une entreprise de la place, il était à la barre du tribunal de grande instance Ouaga l, ce lundi 6 mai 2024. Agé de 21 ans au moment des faits, il lui est reproché des faits de faux et usage de faux et de vol aggravé. Il a reconnu les faits et risque 5 ans de prison dont 2 ans ferme et une amende d’un million FCFA, selon les réquisitions du procureur.

Devant le tribunal ce lundi 6 mai 2024, un jeune employé de commerce se confond en excuses face à son employeur. Mais trop tard ! Lass (nom d’emprunt) travaillait dans une entreprise de la place en qualité que conducteur. Faux et usage de faux et vol sont les faits qui l’ont amené à la barre du tribunal.

Chargé de livrer les marchandises aux clients à Ouagadougou et dans les autres villes du pays, il s’est, en effet, servi frauduleusement dans l’une des boutiques de son patron à plusieurs reprises, selon les éléments produits au procès.

Le conducteur était l’homme de confiance de son employeur. Mais l’employé ne faisait confiance qu’à ses propres manœuvres pour se faire de l’argent au quartier Tampouy de Ouagadougou. Selon les débats au procès, il s’est servi une première fois de dizaines de cartons sardines et de concentré de tomates. Après avoir réussi à écouler ce premier lot auprès des clients de son patron, il tente une deuxième fois. Et comme l’appétit vient en mangeant, il a continué à soustraire frauduleusement les marchandises.  Au moins jusqu’à quatre reprises, il a réussi ses opérations.

Comment s’y prenait-il ?

A sa dernière tentative, il a visé plus gros. Il a établi un faux bon de livraison au nom du patron. Selon les explications, il a tout d’abord soustrait les clés du magasin qu’il est allé faire dupliquer. Les doubles qu’il possédait ainsi lui permettaient de se servir après la fermeture des magasins, la nuit. Il s’est aussi établi un faux bon de livraison. Il l’a saisi lui-même, l’a imprimé et a imité la signature de son employeur. Et pour lever tout soupçon, l’employé a collaboré avec des conducteurs de tricycles. Deux au total. Il leur a remis le bon et leur a indiqué le magasin. Les deux devraient faire sortir la marchandise. Lui-même est resté en retrait pour observer car sa présence ou son implication éveillerait des soupçons. Mais les deux conducteurs de tricycles semblaient ignorés la manœuvre. Ils ont été utilisés pour accomplir cette sale besogne. Ils se sont effectivement présentés au magasin avec le faux bon de livraison. Mais en face, un homme très vigilant fait couler le projet du prévenu.  Le magasinier a en effet découvert la supercherie, en observant bien le bon qui lui a été présenté. C’est un faux!

Les choses tournent donc au vinaigre. Innocents, les conducteurs de tricycles n’ont pas hésité un seul instant à livrer le prévenu. Interpellé, il a reconnu les faits. Conduit à la barre, il les a encore reconnus en demandant la clémence du tribunal.

« J’ai revendu à plus de 3 000 000 FCFA » les cartons de tomates et sardines volés

« J’ai pris en gros plus de 100 cartons de concentré de tomates et une centaine de cartons de sardines que j’ai revendus à plus de 3 000 000 FCFA. Je regrette et demande pardon au tribunal et à mon patron », confesse-t-il face aux juges.

Un relevé de son compte bancaire révèle des dépôts et des retraits à hauteur de plus de 4 000 000 FCFA. Les enquêtes ont également révélé que le prévenu s’est construit une bâtisse de deux chambres-salon avec une douche et une cuisine internes. Etait-il bien payé ?

Selon les éléments dévoilés au procès, l’employé n’avait pas un salaire fixe. Il était payé en fonction des marchandises livrées. Sur un carton livré, il avait 20 FCFA. Ce qui veut dire que sur 100 cartons livrés en journée, il a 2000 FCFA. Cela semble ne pas suffire le jeune qui voulait plus, en s’y prenant mal.

Le parquet a requis 5 ans d’emprisonnement dont 2 ans ferme

L’instruction du dossier a permis au parquet de relever de nouveaux points. Finalement, le procureur a estimé que les faits sont plus graves. Il a demandé au tribunal une requalification des faits de vol en vol aggravé vu les circonstances et la répétition des actes. Le parquet demande de ce fait que le prévenu soit reconnu coupable des faits de faux et d’usage de faux et de vol aggravé. Il a requis contre lui une peine d’emprisonnement de 5 ans dont 2 ans ferme et une amende de 1 000 000 FCFA ferme.

Son patron réclame 8 millions FCFA de dommage subi

La partie civile pour sa part estime à 8 000 000 FCFA le dommage subi et réclame ce montant. Elle réclame également la somme de 750 000 FCFA à titre de frais non exposés.

Les conseils du prévenu, pendant plus d’un quart d’heure n’ont fait que demander le sursis. Ils disent être prêts à payer un montant d’un peu plus de 4 000 000 FCFA, sur la base du relevé bancaire de leur client. Et pour cela, il faut que leur client bénéficie du sursis afin de travailler pour avoir de l’argent. Un autre argument utilisé est que le prévenu est très jeune : 21 ans au moment des faits. Les conditions de vie précaire de sa famille ont aussi été mis dans la balance par ses conseils. Le verdict sera connu le 13 mai 2024.

 Par Judichaël KAMBIRÉ, Sira info

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