Dr Aboubacar Sango : « La suspension des partis a tellement duré qu’elle est devenue presqu’une dissolution »

Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a organisé un panel ce 23 mai à Ouagadougou. Au cœur des débats, la tenue des Assises nationales les 25 et 26 mai 2024. L’enseignant-chercheur en Sciences juridiques à l’Université Thomas Sankara, Dr Aboubacar Sango, s’est prêté à cet exercice. Pour lui, il faut réunir toutes les couches sociales autour d’une table et surtout permettre à chacun de donner son point de vue sans pression.

Dr Aboubacar Sango évoque d’abord la Charte de la Transition. Cette charte, dit-il, avait prévu un délai de 21 mois pour la durée de la transition, assorti d’élections. Mais « le gouvernement n’a rien fait pour tenir les élections », remarque-t-il.

Un autre grief qu’il soulève est relatif à l’animation de la vie politique. « La suspension des partis politiques a tellement duré qu’elle est devenue presqu’une une dissolution », affirme l’enseignant-chercheur. Les assises, selon lui, sont la somme de deux processus : un côté consultatif et un autre inclusif. Des assises consultatives en ce sens qu’elles doivent réunir toutes les composantes de la société burkinabè à savoir les FDS, les coutumiers et religieux, les politiques et les organisations de la société civile, y compris les syndicats. Dans le contexte actuel du Burkina, l’impression est que les autorités forcent les choses. « Il faut laisser les forces vives décider de qui doit les représenter », souligne Dr Aboubacar Sango. Il rappelle qu’en droit, c’est un décret qui vient mettre en application une loi. Pourtant, dans le cadre des présentes assises encadrées par une loi de l’Assemblée législative de la transition (ALT), ce n’est pas le cas. Il y a donc déjà un problème. Il pense que le gouvernement a précipité les assises comme s’il voulait régler une urgence. Il recommande également que les forces vives de la nation délibèrent préalablement sur le bilan du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR2) car « on a l’impression que le gouvernement a déroulé un autre agenda. L’impression est que des officines étrangères s’ingèrent dans la gestion de notre transition ».

Dr Aboubacar Sango s’interroge aussi sur l’opportunité de certaines institutions dans le contexte économique actuel du Burkina. Il souhaite aussi que le gouvernement améliore ses relations avec certains pays voisins. « Je voudrais implorer les ancêtres et surtout convoquer Thomas Sankara pour qu’il inspire ceux qui parlent aujourd’hui en son nom afin que nous puissions sortir de cette impasse », a conclu Dr Aboubacar Sango.

Par Judichaël KAMBIRE, Sira info

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