C’est un discours qui se veut galvaniseur que le Premier ministre, Apollinaire Kyélem de Tambèla, a prononcé face au personnel du Premier ministère ce matin, lors de la cérémonie de la montée des couleurs. Il lui a donné un crédo : « N’ayez pas peur ». Il a tancé plusieurs acteurs qu’ils pensent être contre la marche du pouvoir sans les nommer clairement.
Dès le premier paragraphe, tacle sec : les autorités sont engagées à réaffirmer la souveraineté du Burkina. Et cela, dit-il, remet en cause les intérêts de « ceux qui sont dans le mimétisme comportemental et intellectuel… et les intérêts de certaines opérateurs économiques qui s’appuient sur ce mimétisme… »
Apollinaire Kyélem de Tambèla affirme que la plupart de ceux qui sont « remontés » contre le régime « ont proposé en vain leurs services aux autorités » qui n’ont pas donné une suite à ces demandes. « Certains ont attendu en vain d’être approchés. C’est donc par dépit, par esprit de revanche, et pour assouvir de basses ambitions qu’ils ont jeté toutes leurs forces dans la lutte contre le régime », dit-il.
Plus loin, il martèle : « N’ayez pas peur ! Parce que l’équipe au pouvoir pour rien au monde, n’abonnera encore le pays entre les mains des entrepreneurs politiques, des opportunistes et des aventuriers ».
Dans son message au personnel, il martèle également : « N’ayez pas peur ! parce que maintenant, c’est le peuple lui-même qui mène sa lutte pour la refondation, la souveraineté et le développement ». Et le pays peut compter sur les autres Etats de l’AES, dit-il.
Il rassure aussi le personnel en disant que certains leur disent parfois de faire attention, « de ne pas trop s’impliquer, parce que le régime pourrait tomber d’un moment à l’autre. ». A tout cela, il répond : « N’ayez pas peur ! »
Pour lui, les agriculteurs, les éleveurs, les acteurs du secteur informel, les petits commerçants, etc. commencent à avoir une conscience politique. Mais cela ne serait pas du goût de ceux qui les auraient toujours « dominé et exploité ». « Ils n’acceptent pas l’irruption sur la scène politique du petit peuple qu’ils méprisent », affirme-t-il.
“Ils combattent pour toujours plus d’augmentation de leur salaire, de leurs indemnités, de leurs avantages personnels“
Le Premier ministre attaque aussi certains défenseurs des droits des travailleurs. « Pour eux, le travailleur c’est celui qui se dandine dans un bureau ventilé ou climatisé. C’est-à-dire quelques milliers de salariés, surtout des villes (… ) tant pis pour les millions d’agriculteurs, d’éleveurs, d’artisans et de petits commerçants dont le sort importe peu. Ils combattent pour toujours plus d’augmentation de leur salaire, de leurs indemnités, de leurs avantages personnels (…) Voilà, la réalité de ceux qui se drapent dans un manteau de progressiste ou de défenseur des travailleurs pour mieux abuser le peuple. » C’est en substance ce que le PM Kyélem pense des « défenseurs » des travailleurs burkinabè. « Certains d’entre eux ont même refusé une contribution de 1% de leur salaire pour participer à la défense de la patrie en danger », ajoute-il.
C’est un discours, traversé par la rhétorique « n’ayez pas peur ! ». Mais il appelle aussi le personnel à être vigilant.
Marie D. SOMDA, Sira info