L’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et Lutte contre la corruption (ASCE-LC) a fait sa part de boulot. Le dossier, selon nos informations, est transmis au Tribunal de Instance Ouaga 1. C’est donc à la justice de décider après examen, si les personnalités citées sont coupables ou pas. Il s’agit de l’ex-Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré et de deux de ses anciens collaborateurs. En plus d‘un ancien ministre des finances. L’ASCE-LC leur reproche un détournement présumé d’un milliard 1 377 500 000 FCFA. Pour l’instant, ils sont présumés innocents. (Acte 2)
Quatre personnalités sont au cœur de ce dossier. En premier, l’ancien Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré. Selon des données du dossier, les fonds spéciaux (ou caisse noire) ne sont pas dédiés aux activités du Premier ministère, mais aux actions du Premier ministre. Pour la gestion du compte, l’ancien chef du gouvernement a fait une délégation de signature à ses collaborateurs à savoir le Directeur de cabinet et le Directeur de l’administration et des finances (DAF). Ils ont donc agi sous sa responsabilité. Des éléments du dossier révèlent que le Premier ministère disposait de plusieurs comptes qui pouvaient recevoir les dotations « budgétaires supplémentaires ». Si les fonds en cause (1 377 500 000 FCFA) y étaient transférés, le Premier ministère serait tenu de les justifier. Mais les responsables ont préféré les transférer sur le compte « Fonds spéciaux du Premier ministère » qui n’est pas à la base, soumis au contrôle et à la justification. « Les virements des sommes non prévues par la loi de finances », selon les éléments du dossier, ont été opérés sur les instructions de l’ancien PM Dabiré. L’ASCE-LC estime donc que sa responsabilité est engagée.
Selon des éléments du dossier entre les mains de la justice, l’ex-Directeur de cabinet de l’ex-PM, Mwin-Nog-Ti Luc HIEN, serait celui qui a signé tous les documents qui ont permis d’approvisionner le compte « Fonds spéciaux du Premier ministère » au-delà de ce que prévoit la règlementation. C’est le cas par exemple d’une lettre en date du 29 juillet 2020, portant un projet de « dépenses de la visite officielle » de l’ex-PM dans 8 régions du Burkina. Montant : 398 millions FCFA, selon des données du dossier. Un mois plus tôt, le 12 juin 2020, un autre projet portant sur la même activité dans 3 régions a été évalué à 122,5 millions FCFA. Donc pour des visites officielles de l’ex-PM dans 11 régions du pays, le compte « fonds spéciaux » a été alimenté d’un montant total de 520 500 000 FCFA. Soit plus de 47 millions FCFA pour la visite de chaque région. Il y a eu d’autres activités du genre en 2020 qui ont coûté 100 millions chacune. En 2021 également, ce type d’approvisionnements a continué. Lire aussi:
L’ex-DAF du PM, Lucien Sawadogo, cité dans l’affaire, est cosignataire du compte à problèmes, avec le Directeur de cabinet. Quant à l’ex-ministre de l’Économie et des finances, Lassané Kaboré, selon les éléments du dossier, il a obéi aux instructions de l’ex-PM et « a donné des instructions aux directeurs compétents de procéder aux différents virements sur des comptes qui n’étaient pas destinés initialement à recevoir de tels fonds ». En le faisant, il savait que ces fonds ne seraient pas justifiés, indique le dossier. Le dossier évoque un détournement de biens publics présumés portant sur la somme totale d’un milliard trois cent soixante-dix-sept millions cinq cent mille (1 377 500 000 FCFA).
Nous avons contacté l’un des Conseils de celui qui était le supérieur hiérarchique des autres personnalités citées dans le dossier, à savoir l’ex-Premier ministre Dabiré, en juin 2024. Mais notre demande est restée lettre morte.
Par Lomoussa BAZOUN, Sira info