La Cour des comptes, dans son Rapport public annuel 2024, met en lumière des anomalies dans la mise en œuvre des investissements financés par l’État au profit des communes de Ouagadougou et Houndé sur la période 2018-2023. L’institution a analysé quatre projets financés par les fonds transférés portant principalement sur la construction d’infrastructures sanitaires.
Le constat a été fait dans les communes de Ouagadougou et de Houndé.
À Ouagadougou, il était prévu la Construction d’une maternité, plus latrine, douche et un incinérateur au CSPS secteur 08 ex 10, dans l’arrondissement 2 en 2018. Les mêmes infrastructures (maternité, latrine, douche, incinérateur) étaient prévues au CSPS de Larlé, également en 2018.
Les deux projets coûtent 33 930 801 FCFA chacun. Dans les deux cas, seule la construction des incinérateurs a été effectuée. Les fonds restants ont été détournés de leurs destinations initiales et réaffectés à la construction de deux laboratoires au CMU du secteur 52 et à Gounghin 8. La Cour précise que les deux laboratoires sont fonctionnels.
Le CSPS de Guiköfê détourné au profit de Yamtenga
Toujours à Ouagadougou, cette fois à l’arrondissement 5, un CSPS complet devait être érigé à Guikôfê, d’un montant de 100 244 719 FCFA en 2020.
L’infrastructure a été construite à Yamtenga au lieu de Guikôfê. «Il ne comporte ni logement, ni incinérateur. Le CSPS n’est pas fonctionnel (pas d’équipement, ni de personnel) à la date du contrôle le 02 novembre 2023 », révèle la Cour. Le CSPS a été construit en 2021.
Un incinérateur s’est effondré un an après sa réalisation
A Houndé, il était prévu la construction de plusieurs infrastructures (maternité, un dispensaire, logement, forage, incinérateur) au CSPS du secteur 2, d’un montant de 103 896 508 FCFA en 2019. Les infrastructures prévues ont été réalisées. Cependant « l’incinérateur s’est effondré une année après sa construction », souligne la Cour.
Une absence de coordination dénoncée par la commune de Ouagadougou
Interrogée par la Cour pour expliquer ces divergences, la commune de Ouagadougou a invoqué plusieurs difficultés : absence d’implication des communes dans la préparation des arrêtés de transfert ; indisponibilité de ces arrêtés lors de l’élaboration du budget primitif, limitant la visibilité sur les projets à réaliser ; données ministérielles jugées non actualisées, entraînant des programmations inadaptées aux besoins ; problème foncier ayant conduit à la délocalisation du CSPS prévu à Guikôfê vers Yamtenga ; gel des budgets destinés à l’équipement du CSPS de Yamtenga en 2022 et 2023 ; obtention tardive, en 2022, d’autorisations de changement de destination auprès des ministères concernés.
Des recommandations pour rétablir la conformité et l’efficacité des investissements
Face aux constats relevés, la Cour des comptes émet deux recommandations principales : associer systématiquement les communes à la planification et à la programmation des investissements en matière de CSPS, afin d’éviter les écarts entre besoins réels et projets arrêtés. Respecter strictement les procédures de changement d’affectation des ressources transférées. La Cour invite également la commune de Ouagadougou à obtenir les autorisations préalables des ministères concernés avant toute modification d’utilisation des fonds et travailler avec le district sanitaire de Bogodogo pour équiper et rendre fonctionnel le CSPS de Yamtenga.
Par Lomoussa BAZOUN, Sira info




