Entre 2020 et 2024, les mineurs en conflit avec la loi restent principalement impliqués dans des infractions contre les biens et contre les personnes, selon les récentes données du ministère en charge de la justice. Si le nombre de jeunes détenus diminue en 2024, les adolescents de 15 à 17 ans représentent toujours la majorité, et le profil des filles en détention connaît une hausse notable.
Entre 2020 et 2024, les tribunaux de grande instance (TGI) ont traité 2 772 affaires impliquant des mineurs, selon les données du ministère en charge de la justice. La délinquance juvénile se concentre majoritairement autour de deux types d’infractions : les crimes et délits contre les biens et ceux contre les personnes, qui représentent plus de 92 % des cas sur cette période.
Parmi les 1 641 mineurs impliqués dans des crimes et délits contre les biens, près de neuf sur dix le sont pour des vols ou extorsions. Les autres infractions (recels, escroqueries, abus de confiance, destructions et dégradations, ou grand banditisme) restent minoritaires. L’année 2022 enregistre un pic avec 396 mineurs concernés par des vols et extorsions, avant un léger recul à 285 en 2024.
Vols aggravés et violences envers les personnes
Les crimes et délits contre les personnes concernent 922 mineurs sur la période. Les vols aggravés représentent 58,6 % des cas, suivis des coups et blessures volontaires (13,7 %) et des viols (13,3 %). En 2024, 139 mineurs sont impliqués dans des vols aggravés, 28 dans des coups et blessures volontaires et 12 dans des viols. Les autres infractions (homicides volontaires, coups mortels ou traite des personnes) restent marginales.

En 2024, 456 mineurs ont été accueillis dans les maisons d’arrêt et de correction (MAC), contre 517 en 2023, soit une baisse de 11,8 %. La proportion de mineurs parmi l’ensemble des détenus entrants diminue à 4,5 %, alors que le système carcéral dans son ensemble enregistre une hausse de 11,6 %.
Les filles, bien que minoritaires (3,7 % des détenus mineurs), voient leur nombre augmenter de 70 %, passant de 10 à 17. La majorité des mineurs incarcérés ont entre 15 et 17 ans (69,7 %), suivis des 13-15 ans (28,7 %). Moins de 2 % ont moins de 13 ans.
Au 31 décembre 2024, l’effectif des mineurs en détention est de 147, en baisse de 26,5 % par rapport à 2023, au cours duquel ils étaient 200. La majorité reste en attente de jugement (51 %), avec une légère hausse des mis en examen (7,4 %) et une baisse des prévenus (43,3 %). Les condamnés représentent 20,9 % de l’effectif.
Surpopulation dans les centres de réinsertion et de formation des mineurs
Au Burkina Faso, les centres de prise en charge des mineurs connaissent une saturation, selon les données officielles arrêtées au 31 décembre 2024. Ces structures, qui regroupent à la fois les centres de réinsertion sociale placés sous la tutelle du ministère de la Justice et des Droits humains et les centres de formation professionnelle relevant du ministère en charge de l’Action sociale, affichent un taux d’occupation global supérieur à leur capacité.

Sur les 714 places disponibles dans ces établissements, 722 mineurs y étaient accueillis fin 2024, soit un taux d’occupation de 101,1 %. La situation est particulièrement critique dans les unités destinées aux filles : avec 120 jeunes filles pour seulement 61 places, le taux d’occupation atteint 196,7 %, traduisant une surpopulation notoire.
Les centres disposent de 43 ateliers d’une capacité totale de 720 places. Les filières les plus demandées restent la couture, la menuiserie bois et la mécanique automobile, chacune pouvant accueillir respectivement 109, 109 et 97 jeunes. Les filières de menuiserie métallique, maçonnerie et électricité du bâtiment regroupent 259 places au total.
Par Marie D. SOMDA, Sira info




