Malgré une progression notable de la collecte officielle d’or artisanal en 2024, l’essentiel de la production échappe toujours aux circuits formels et alimente des réseaux de contrebande régionaux, selon le rapport 2024 de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE).
Le secteur de l’orpaillage artisanal burkinabè produit environ 50 tonnes d’or par an, mais seule une fraction minime transite par les canaux légaux. En 2024, les autorités ont enregistré 7,13 tonnes d’or artisanal, marquant un bond spectaculaire par rapport aux 0,07 tonne comptabilisées l’année précédente. Cette augmentation s’explique principalement par la centralisation de la collecte confiée à la Société Nationale de Soutien et de Promotion de l’Artisanat Minier et Semi-mécanisé (SONASP) et par l’attribution d’autorisations d’exploitation artisanale.
Toutefois, cette amélioration statistique ne reflète qu’une captation partielle d’une activité largement dominée par l’informel. Le rapport ITIE 2024 et une étude antérieure de COWI datant de 2016 confirment que la majorité de l’or artisanal burkinabè emprunte des filières clandestines vers le Togo, le Ghana et le Bénin, échappant ainsi aux contrôles douaniers et fiscaux.
Une contrebande massive et organisée
L’ampleur du phénomène se mesure aux saisies effectuées entre 2012 et 2022. Durant cette période, les forces de sécurité ont intercepté plus de 3,2 tonnes d’or de contrebande, représentant une valeur estimée à 119 milliards de francs CFA. En 2023 seulement, les autorités ont démantelé 21 réseaux de trafiquants opérant dans le secteur aurifère.
Ces flux illicites privent l’État de recettes fiscales substantielles à un moment où les ressources publiques sont cruciales pour le développement. Au-delà de la dimension économique, l’orpaillage informel comporte des risques sanitaires et environnementaux majeurs, notamment l’utilisation massive de mercure qui contamine les sols, les cours d’eau et expose les populations à des pathologies graves.
Les défis de la formalisation
La structuration progressive du secteur artisanal autour de la SONASP constitue une avancée significative dans la politique de formalisation. Néanmoins, le rapport ITIE souligne que plusieurs défis institutionnels persistent. La traçabilité complète des flux aurifères, la perception effective des taxes et la coordination entre les différentes administrations concernées restent insuffisantes.
Cette coordination implique notamment la Direction Générale des Mines et de la Géologie (DGMG), la Direction Générale des Douanes (DGD), la Direction Générale des Impôts (DGI), le Bureau National Anti-Fraude (BNAF) et la SONASP. Le renforcement de ces mécanismes apparaît indispensable pour intégrer durablement l’orpaillage artisanal dans l’économie formelle et en maximiser les retombées pour les communautés locales et l’État.
Par Lomoussa BAZOUN, Sira info




