En 2024, le nombre de marchés publics conclus a reculé de près de 28 %, tandis que leur valeur totale a été multipliée par trois, selon les récentes données publiées par le ministère des Finances. Cette évolution s’accompagne d’un basculement vers les procédures exceptionnelles, dépassant les normes communautaires et justifié par le contexte particulier du pays, selon le ministère.
Le mode de passation des marchés publics a connu en 2024 une transformation notable. Le volume global des marchés conclus s’établit à 695 contre 962 l’année précédente, soit une baisse de 27,8 %. Néanmoins, la valeur totale des marchés atteint 766,17 milliards FCFA, près de trois fois le montant enregistré en 2023 (256,91 milliards FCFA). Cette contraction serait liée en partie à une faible maîtrise des procédures par plusieurs acteurs opérationnels, selon le ministère des Finances.
Les procédures de droit commun (appel d’offres ouvert, demande de prix, demande de propositions précédée d’une manifestation d’intérêt et demande de propositions allégée) connaissent un recul. Leur nombre chute de moitié, passant de 822 marchés en 2023 à 404 en 2024, tandis que leur valeur décroît de 60,6 % pour s’établir à 61,04 milliards FCFA. Ces procédures de passation représentent 58,1 % des marchés en volume et 8 % en valeur, en deçà de la norme communautaire, qui fixe un seuil minimal de 85 % pour chacun de ces indicateurs.

À rebours, les procédures exceptionnelles (entente directe ou gré-à-gré, appel d’offres restreint et demande de propositions restreinte) progressent fortement. En 2024, le nombre de marchés publics conclus suivant ces procédures enregistre une hausse de 151 unités (+107,9 %), pour s’afficher à 291 marchés.
En valeur financière, ces marchés enregistrent également une hausse considérable, atteignant 603,12 milliards FCFA, soit plus de six fois la valeur des marchés conclus en 2023. « Cette augmentation est attribuable principalement à la hausse de la valeur des marchés conclus par la procédure d’entente directe (+589,96 milliards FCFA) », précise le ministère des Finances.
Par mode de passation exceptionnelle, les données indiquent que 46 marchés publics ont été conclus par appel d’offres restreint pour un montant de 14,52 milliards FCFA, contre 22 marchés en 2023 pour un montant de 1,37 milliard FCFA.
Quant aux marchés conclus par entente directe, ils s’établissent à 245 en 2024 pour un montant de 690,6 milliards FCFA, contre 118 marchés en 2023 pour un montant de 100,64 milliards FCFA. Sur un total de marchés conclus atteignant 766,17 milliards FCFA en 2024, les procédures de droit commun représentent 61,04 milliards FCFA. Le reste de la valeur financière est réparti entre les procédures exceptionnelles, dominées par les gré-à-gré.

En somme, les marchés conclus suivant des procédures exceptionnelles représentent 41,9 % du total en nombre et 92 % en valeur, dépassant largement la norme communautaire qui limite leur part à 15 %, précise le ministère.
« Sur la période 2015-2024, les marchés conclus suivant les procédures exceptionnelles représentent un montant annuel moyen de 125,55 milliards FCFA. Des baisses ont été observées en 2016 (-77,0 %), en 2020 (-29,6 %) et en 2022 (-83,2 %), ainsi que des hausses importantes en 2023 et 2024, liées aux nouvelles orientations en matière de commande publique au regard du contexte national », indique le ministère.
Par Lomoussa BAZOUN, Sira Info




