Burkina : Des élèves fonctionnaires à l’école de la lutte contre la Corruption

Un consortium d’organisations de la société civile composé du Réseau burkinabè des jeunes leaders pour l’intégrité (RBJLI) et du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) s’intéresse à l’implication des jeunes dans la lutte contre la corruption et ses corollaires. Il a organisé à Ouagadougou un séminaire inter-écoles professionnelles de l’Etat, ce 16 novembre 2023 à Ouagadougou. Objectif : les imprégner des causes et des effets de ce fléau avant même leur entrée effective dans l’administration burkinabè.

Des élèves policiers et douaniers, des élèves de l’Ecole nationale des régies financières (ENAREF), de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) et de la Santé sont réunis pour une cause : comment faire face au phénomène de la corruption. L’initiative vient du Réseau burkinabè des jeunes leaders pour l’intégrité (RBJLI) et du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD). Ces OCS veulent outiller ces jeunes sur les « causes profondes de la corruption, les effets sur le développement, la cohésion sociale et les stratégies d’éradication ». A l’ouverture du séminaire, la représentante du Directeur exécutif du CGD, Véronique Ouédraogo, a indiqué que le séminaire s’inscrit dans un projet porté par les deux organisations : « Initiative des jeunes engagés pour la promotion de l’intégrité et la Lutte contre la Corruption ». Une application mobile dénommée « Faso Transparence » a été développée dans le cadre de ce projet pour permettre aux citoyens de dénoncer tout acte de corruption.

Pourquoi les élèves fonctionnaires ?

Pour le Chargé du projet Ollo Da, les élèves fonctionnaires sont une cible importante. « A la fin de leur formation, ces élèves fonctionnaires vont exercer dans l’administration publique. Le projet étant orienté sur la promotion de l’intégrité et la lutte contre la corruption, ils ont été ciblés pour leur faire comprendre les causes profondes de la corruption et voir ensemble quelles sont les propositions qu’on peut en dégager afin d’assainir l’administration de ce phénomène. Nous avons invité l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la Corruption et le Secrétariat permanent de la Modernisation de l’administration et de la bonne gouvernance à animer le séminaire. Ces structures vont présenter aux élèves fonctionnaires les différentes thématiques, les défis et leur rôle dans la lutte contre le phénomène. », explique-t-il.

« La honte doit changer de camp »

Devant les élèves fonctionnaires de la police, de la douane et des autres écoles professionnels, le Contrôleur d’Etat, Biomon Bonzi, commence par un exemple pratique. Premier cas : si un policier sensible à la version d’un usager de la route qui affirme avoir oublié les documents de son véhicule à la maison le laisse passer contre un petit « billet de francs CFA », le citoyen retiendra qu’il a « un bon cœur », surtout si ce citoyen se rendait à un rendez-vous important, dit confie le conférencier. Mais dans un deuxième cas, le contrôleur d’Etat renverse la situation. Si le même citoyen est victime de vol de voiture et que le voleur utilise la même explication face au même policier qui le laisse passer dans les mêmes conditions, il en voudra à la police.   

Selon lui, les conséquences de ce phénomène sont multiples et variées : « mauvaise qualité des ouvrages, incivisme, rupture de confiance entre l’administration et l’administré, fuite de capitaux, absence de repère et d’éthique pour les générations futures, etc. »

Pour faire face à la problématique, le contrôleur d’Etat interroge l’assistance : « Comment faire comprendre à un jeune qu’il doit travailler durement et honnêtement pour réussir, tout en lui montrant comme modèle de réussite une personne sans moralité, sans talent et surtout sans aucun mérite, à part celui de l’opportunisme ? ». Selon lui, la « honte doit changer de camp ». Et pour cela, il faut faire en sorte que « les voleurs, les tricheurs et autres espèces de malhonnêtes aient honte ou aient peur d’être démasqués et de subir les conséquences de leurs actes. Il n’est pas normal que les honnêtes gens aient à avoir honte de leur situation, qui n’est autre que le résultat de la forfaiture des plus lâches d’entre nous. », conclut Biomon Bonzi.

Mais pour renverser cette tendance, le Secrétaire permanent de la Modernisation de l’administration et de la bonne gouvernance, Sidi Barry, se veut ferme : « il nous faut, pour ce faire, décourager le passage à l’acte en resserrant les mailles du filet et en œuvrant à ce que la probabilité d’être pris et sanctionné soit élevée. »

Marie D. SOMDA

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