Campagne agricole : 2,9 millions de personnes en risque d’insécurité alimentaire en juin-août 2024

La deuxième session ordinaire du Comité de Prévision de la Situation alimentaire et nutritionnelle (CPSA) de l’année 2023 a eu lieu, à Ouagadougou les 16 et 17 novembre 2023. Il a analysé les résultats prévisionnels de la campagne agricole de 2023-2024. Selon les conclusions, les indicateurs de la situation alimentaire et nutritionnelle ne sont toujours pas reluisants. Le comité alerte qu’un effectif de 2 278 031 de personnes sont actuellement en insécurité alimentaire. L’année passée, à la même période, les résultats provisoires de la campagne agricole annonçaient 2 618 638 personnes dans la même situation. Elle pourrait empirer entre juin et août 2024. Cela est dû à une production céréalière déficitaire dans plusieurs provinces. La production globale (céréales, cultures de rente et vivrières) est de 7 950 568 tonnes.

Les indicateurs ne sont toujours pas reluisants en ce qui concerne la sécurité alimentaire au Burkina. Le Comité de prévision de la situation alimentaire et nutritionnelle (CPSA) dans son rapport prévisionnel indique qu’entre octobre à décembre 2023, 2 278 031 personnes sont en insécurité alimentaire dont 261 147 en situation d’urgence. « Ces populations qui représentent près de 10% de la population totale du Burkina sont concentrées dans les régions de l’Est (21%) du Sahel (18%), du Nord (18%), du centre-Nord (18%) et de la Boucle du Mouhoun (10%) », révèle le rapport. Mais la situation pourrait empirer si rien n’est fait d’ici à juin-août 2024. 18 provinces risquent de se retrouver en situation de « crise », 14 en phase « sous pression » et 12 en phase minimale. Une province, à savoir le Loroum pourrait basculer en phase d’urgence alimentaire. Et le CPSA alerte : « Durant cette période, 2 998 380 personnes pourraient tomber en insécurité alimentaire (phase 3 à 5) dont environ 425 349 personnes en urgence sans intervention d’assistance humanitaire et de soutien adéquate ». Selon le comité, ces 2,9 millions de personnes qui représentent 13% de la population nationale sont concentrées dans les régions de l’Est (20%), du Nord (17%), du Centre-Nord (16%), du Sahel (10%) et de la Boucle du Mouhoun (10%).

Selon les résultats prévisionnels de la campagne agricole 2023-2024, la production céréalière ne pourra pas couvrir les besoins au niveau national. Au total 5 246 405 tonnes de céréales sont produites cette saison, selon le comité présidé par l’actuel ministre en charge de l’agriculture, Ismaël Sombié. A l’en croire, 19 provinces ont un taux de couverture de besoins céréaliers déficitaires. Il s’agit des provinces du Kadiogo, Komondjari, Loroum, Namentenga, Soum, Bam, Sanmatenga, Yatenga, Yagha, Séno, Oudalan, Oubritenga, Kourwéogo, Houet, Gnagna, Boulkiemdé, Kouritenga, Zondoma, Passoré. Ce sont pratiquement les mêmes provinces touchées à la même période la saison passée, à l’exception de l’Oudalan qui était excédentaire et de la province du Koulpélogo qui est passée de déficitaire la saison passée, selon les résultats prévisionnels, à une situation d’équilibre cette saison de façon provisoire.

 19 provinces excédentaires

Selon les résultats provisoires de la campagne 2022-2023, il y avait 20 provinces excédentaires. Mais cette année, les résultats provisoires annoncent 19 provinces à savoir les provinces du Sourou, Gourma, Zoundwéogo, Sanguié, Nahouri, Sissili, Comoé, Noumbiel, Kompienga, Bougouriba, Léraba, Nayala, Banwa, Kénédougou, Kossi, Mouhoun, Ioba, Ziro, Tuy.  Les autres provinces (au nombre de 7) sont en situation d’équilibre. 

Le comité a aussi fait le point par région. Et en conclusion, il ressort 4 régions déficitaires en céréales (Centre, Centre-Nord, Sahel, Nord), 3 en situation d’équilibre (Plateau central, Centre-Est, Est) et 6 excédentaires. « Il ressort que le taux national de couverture des besoins céréaliers est de 99,6% contre 98,4% la campagne précédente, soit une légère hausse de 1,20% », souligne le CPSA.

444 785 tonnes de riz

Le besoin national annuel en consommation de riz est estimé à environ un million de tonnes. Mais depuis des années, le pays n’arrive pas à couvrir ce besoin. L’initiative présidentielle « Produire un million de tonnes de riz paddy d’ici 2021 », avec l’accompagnement de certains partenaires sous le pouvoir de  Roch Marc Christian Kaboré n’a pas pu atteindre cet objectif. Même si des avancées sont relevées par les acteurs. Par exemple, dans les années 2005, la production annuelle était d’environ 94 000 tonnes. En 2019-2020, la production du riz était évaluée à environ 361 000 tonnes. La campagne qui a suivi (2020-2021), la production a connu une hausse : 451 421 tonnes de riz. La saison 2021-2022, a connu une légère baisse : 451 014 tonnes, selon les résultats définitifs. Cette tendance baissière a continué à la saison 2022-2023 avec une production évaluée à environ 438 900 tonnes. Cette saison, selon les résultats provisoires, le Burkina a produit 444 785 tonnes de riz. Ce qui veut dire que pour combler le reste de la consommation, il faut importer au moins plus de 500 mille tonnes. Le Burkina injecte entre 40 à 70 milliards de FCFA, selon les spécialistes, dans l’importation du riz chaque année.

2 millions de tonnes de maïs

La production du maïs au niveau national était d’environ 1 789 000 tonnes (2020-2021), 1 853 510 tonnes (2021-2022), 1 777 468 tonnes environ (campagne 2022-2023) et cette année, le comité l’estime à 2 053 927 tonnes. Soit une hausse de 13,46% comparativement à la campagne passée. Dans le programme de l’offensive agropastorale lancé par le ministère en charge de l’agriculture en septembre dernier, évalué à 592 milliards de FCFA, l’Etat s’engage à atteindre une production de 2 millions de tonnes de maïs pour couvrir les besoins de consommation des personnes, des volailles et des industries agroalimentaires à l’horizon 2025.

Cette saison également, selon le CPSA, le Burkina a produit 871 314 tonnes de mil, correspondant à une baisse de 4,01% par rapport à la saison passée. Le sorgho blanc a aussi enregistré une baisse de production de 3,08%. Soit une production de 1 446 416 tonnes. Quant au sorgho rouge, la production est estimée à 412 908 tonnes. Soit une baisse de 20,82 % par rapport à la saison passée. La production du fonio a haussé considérablement : 17 054 tonnes correspondant à une hausse de 108,32% par rapport à la saison 2022-2023. De façon globale, la production céréalière est déficitaire. Le déficit brut est estimé à 81 099 tonnes. Le déficit provient du riz et du blé respectivement de 807 130 tonnes et 205 587 tonnes. Soit 1 012 717 tonnes. La quantité de riz produite (444 785 tonnes) ne couvre pas les besoins. Mais ce gros déficit est atténué par un excédent brut de 971 617 tonnes des céréales traditionnelles (maïs, mil, sorgho, fonio).  « Les prévisions d’importations commerciales et d’aides alimentaires, déduites des prévisions d’exportations montrent un solde positif import/export de 692 796 tonnes, dégageant un excédent net de 611 696 tonnes », précise le comité de prévision de la situation alimentaire et nutritionnelle.

Production du coton en baisse de 9,52%

Jadis premier produit d’exportation du Burkina, l’or blanc est depuis supplanté par le métal jaune : l’or. Cette saison 2023-2024, les résultats prévisionnels annoncent une production cotonnière de 605 012 tonnes. Elle est en baisse de 9,52% par rapport à la campagne passée et de 6,99% par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes. La baisse concerne aussi le sésame : 203 319 tonnes, correspondant à une baisse de 2,62% par rapport à la saison dernière et de 27,82 par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Il y a aussi le soja qui a dégringolé : 147 351 tonnes. Soit une baisse de 3,40% et 67,16% respectivement par rapport à la campagne 2022-2023 et par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

Mais l’arachide sauve un peu les cultures de rente avec une production de 667 056 tonnes qui correspondent à une hausse de 19,32% et de 39,39% par rapport respectivement à la campagne passée et à la moyenne des cinq dernières années.

Les cultures vivrières (niébé, voandzou, igname, patate) totalisent 1 081 426 tonnes. La quantité de leur production est relativement stable.

Par Lomoussa BAZOUN

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