D’un nombre total de 75 agents dont 61 inspecteurs des finances, ils ont rendu leur rapport au ministre en charge des finances Aboubacar Nacanabo, en mai 2024. Le rapport général annuel d’activités 2023 de l’Inspection générale des finances (IGF) est, en effet, disponible. Des irrégularités financières portant sur des centaines de millions FCFA sont décelées. Des établissements publics de l’Etat, des fonds nationaux, des sociétés d’Etat, des ministères, etc. ont reçu la visite de l’IGF en 2023.
Ils ont fouiné des piles de documents comptables, administratifs, etc. de plusieurs structures publiques. Et le constat est clair : la gestion des structures visitées en 2023 connait plusieurs faiblesses, dont des dépenses entachées d’irrégularités. Au-delà des missions de contrôle, l’Inspection générale des finances (IGF) a réalisé des missions d’investigations sur « saisine et appuis ». Plusieurs structures sont concernées dont le Centre hospitalier universitaire Sanon Sourou (CHUSS) de Bobo-Dioulasso, Centre hospitalier régional de Koudougou (CHR-K ), la SOTRACO-SA, le Secrétariat permanent des politiques sectorielles agricoles (SP/CPSA), la SONATUR), le ministère en charge de l’Urbanisme, le FONER, etc. Les financements accordés à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et aux Organisations de la société civile (OSC) dans le cadre du Projet d’appui aux processus électoraux (PAPE) ont aussi été audités. Les structures concernées sont au nombre de 15. Et selon l’IGF, «les investigations ont permis de déceler des irrégularités financières et d’identifier des faiblesses ».
Ces irrégularités financières se chiffrent à 433 109 535 FCFA. Les inspecteurs donnent les détails de ces faits de mauvaise gouvernance. Ainsi, au nombre de ces irrégularités, il y a des ressources collectées qui n’ont pas été reversées. Montant total : 26 975 830 FCFA. Les irrégularités qui portent sur les pièces justificatives de dépenses sont évaluées à 333 193 036 FCFA. Celles qui portent sur les indemnités sur les salaires sont d’un montant de 38 168 693 FCFA et les surfacturations 9 399 400 FCFA. Il y a également des irrégularités sur les rétributions estimées à 10 137 000 FCFA. Les inspecteurs ont aussi constaté des irrégularités portant sur des « retenues non opérées » d’un montant de 7 071 927 FCFA et des frais de mission de 5 071 237 FCFA. A ces irrégularités, il faut ajouter celles liées aux dotations en carburant qui sont évaluées à 1 220 000 FCFA et les pénalités de retard d’un montant de 1 872 412 FCFA.
Sur des marchés d’un montant 57,3 milliards, 204 d’un montant de 40,7 milliards FCFA sont des ententes directes
L’Inspection générale des finances a aussi analysé en 2023 la situation des marchés publics dans dix (10) ministères. Mais précise que cela concerne la gestion 2022. Les ministères concernés sont ceux en charge de l’administration territoriale, des infrastructures, des transports, de l’énergie, de la solidarité, de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur, de l’environnement, de la fonction publique et de la santé. Au total, 630 marchés d’un montant total de 57 366 342 379 FCFA ont été audités. Sur les modes de passation, comme sous le pouvoir du MPP, les procédures d’entente directe (gré-à-gré) rafle la mise. Sur 630 marchés audités, 204 sont passés par entente directe, avec une valeur financière de 40 759 565 982 FCFA. Soit 71,05% du montant total. Seulement 77 sont passés par appel d’offres ouvert, avec une valeur financière de 9,2 milliards FCFA. A l’analyse de la pile de documents comptables de ces marchés, les inspecteurs ont décelé des irrégularités financières d’un montant total de 25 965 969 FCFA, selon le rapport. Ce montant des irrégularités financières est composé de 16 114 000 FCFA, liée « à la non livraison de carburant », à « l’absence de justificatifs » d’un montant de 7 156 560 FCFA, de la « la non-perception des frais d’achat des dossiers de marchés publics » d’un montant de 2 250 000 FCFA. Les irrégularités financières liées aux pénalités de retard sont estimées à 445 409 FCFA.
16,8 millions FCFA d’irrégularités financières dans la gestion des projets et programmes
L’Inspection générale des finances a également contrôlé la gestion des projets et programmes. Et le résultat montre que tout n’est pas parfait dans ces structures. « Des irrégularités financières sont décelées. Des irrégularités financières, d’un montant de 16 832 007 FCFA, ont été décelées lors du contrôle de la gestion financière et comptable des dix-neuf (19) projets et programmes. Ces irrégularités sont liées au carburant (2 210 665 FCFA), aux marchés publics (740 426 FCFA), aux indemnités spécifiques (5 488 716 FCFA), aux frais de missions (3 731 200 FCFA) et aux frais de formations (4 661 000 FCFA) », révèle le rapport.
5,8 millions FCFA d’irrégularités financières dans des EPE et fonds nationaux
Le rapport de l’IGF indique que dix (10) Etablissement publics de l’Etat (EPE) et des fonds nationaux ont été audités. « Le contrôle de la gestion financière et comptable des dix (10) Etablissements publics de l’Etat et Fonds nationaux a révélé des irrégularités financières d’un montant de cinq millions huit cent quinze mille (5 815 000) francs CFA. Ces irrégularités sont liées à la gestion du carburant (5 135 000 FCFA), aux surfacturations (330 000 FCFA) et au paiement en trop de factures (350 000 FCFA) », précise le rapport. Et ce n’est pas tout.
Des sociétés d’Etat comme La Poste BF, la Caisse nationale d’assurance maladie universelle (CNAMU), la CEGECI, le BUMIGEB, la Société de gestion du patrimoine ferroviaire du Burkina (SOPAGER-B) et la Société de gestion de l’équipement et de la maintenance biomédicale (SOGEMAB) ont été contrôlés. Selon le rapport, les irrégularités financières ne sont pas si importantes. « Le contrôle de la gestion financière et comptable des six (06) sociétés d’Etat a révélé des irrégularités financières d’un montant d’un million cent dix-neuf mille cinq cents (1 119 500) francs CFA. Ces irrégularités sont liées à la Caisse de menues dépenses (31 500 FCFA), au carburant (200 000 FCFA) et aux frais de mission (888 000 FCFA) ».
Au total, les investigations, les audits et les contrôles ont permis de déceler des irrégularités « toutes natures confondues » estimées à 485 061 553 FCFA, selon le rapport.
Par Lomoussa BAZOUN, Sira info