Burkina : L’analyse du CIFOEB sur les dépenses militaires de 2017 à 2022

Le rapport est disponible depuis mai 2024 et porte le titre « Analyse rétrospective et approfondie de la dépense publique de défense et de sécurité du Burkina Faso de 2017 à 2023 ». C’est le Centre d’information, de formation et d’études sur le budget (CIFOEB) qui en est l’auteur.  Pour cette étude, le CIFOEB dit avoir associé la Direction Générale du Budget (DGB), la Direction Centrale de l’Intendance Militaire (DCIM) et du Centre National d’Etudes Stratégiques (CNES).

L’un des points saillants du rapport concerne la nature des dépenses militaires. A ce titre, deux grands types de dépenses ont été analysés : les dépenses de fonctionnement et d’investissement. Mais de façon globale, les dépenses du secteur sécurité et défense sont passées de 178,53 milliards FCFA en 2017 à   531,04 milliards FCFA en 2022, selon le rapport.

D’abord le fonctionnement. Cette catégorie regroupe les dépenses de personnel de sécurité et de défense, les acquisitions de biens et services et les transferts courants. Après analyse sur l’évolution des dépenses effectuées pour cette catégorie, le CIFOEB est arrivé à cette conclusion : « plus de 66% des dépenses militaires ont été consacrées au fonctionnement sur la période 2017 à 2022 ; ce qui pourrai augurer une inefficacité dans l’allocation des ressources des ministères en charge de la sécurité et de la défense. » Soit une moyenne annuelle de 219,86 milliards FCFA, au cours de la période concernée.

Pour les années 2021 et 2022 par exemple, les dépenses de fonctionnement, selon le rapport, s’élèvent respectivement à 258,82 et 287,78 milliards FCFA dont 237,04 milliards pour les charges du personnel en 2022.

 Mais ce fort taux des dépenses de fonctionnement s’expliquerait, selon le document, par la spécificité du secteur. « Certains éléments du fonctionnement sont aussi déterminants dans la stratégie de défense et de sécurité. », affirme le CIFOEB. Voici l’explication : « le personnel militaire dont les dépenses ont représenté en moyenne 54,94% des dépenses militaires, constitue un intrant indispensable dans le maillage du territoire qui commande un recrutement massif de personnel et une dotation conséquente en carburant pour les patrouilles et les ratissages. ».

Les investissements ont constitué 34% entre 2017 et 2022

Deuxième et dernier type de dépenses : l’investissement. Cette catégorie des dépenses, selon le CIFOEB, a représenté « environ 34% des dépenses militaires entre 2017 et 2022 avec un fort poids observé en 2022 de l’ordre de 45,81%. » Le rapport précise que l’importante part de l’investissement en 2022 « pourrait se justifier par la nécessité de renforcer les capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité notamment en matériels et équipements de pointes adaptés à la lutte contre le phénomène du terrorisme. »

L’année 2022 enregistre, en effet, le plus gros montant des dépenses militaires en investissement avec 243,26 milliards FCFA. En 2020 et 2021, ce montant s’élève respectivement à 105,55 et 119,03 milliards FCFA. Pour les années antérieures, ces montants étaient largement inférieurs. En 2017 par exemple, les dépenses militaires en investissement étaient de 31,72 milliards contre 146,82 milliards FCFA pour les dépenses de fonctionnement dont 119,15 milliards FCFA pour les charges de personnel.

La lutte contre le terrorisme a amené l’Etat à mettre l’accent sur le secteur sécurité et défense. En juin 2024, le ministre burkinabè des finances a affirmé lors d’une émission à la radio publique nationale qu’en 2023, l’Etat a dépensé plus 600 milliards de FCFA pour l’acquisition de matériels militaires dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la restauration de l’intégrité territoriale.

Les budgets 2024 et 2025 indiquent également que le secteur sécurité et défense reste prioritaire avec une part respectivement de 29,49% (soit environ 960 milliards FCFA en 2024) et de 27,76% du budget 2025.  

Par Lomoussa BAZOUN, Sira info

Partager:

Plus d'articles

Journal numérique d’information générale et d’investigation, indépendant et attaché aux faits d’intérêt public.

Copyright © 2023  SIRAINFO – Tous droits réservés

error: Content is protected !!